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«Mohammed VI, rassurant mais mal connu»

Jordan's Prince Talal (L) and his wife Gheida (R) pose with Morocco's King Mohammed VI (3rd R) and his wife Lalla Salma (2nd R) and Jordan's King Abdullah (3rd L) and his wife Queen Rania (2nd L) at the Royal Palace in Fez March 15, 2009. King Abdullah is on a state visit to Morocco. REUTERS/Yousef Allan (MOROCCO ROYALS POLITICS)



Pierre Vermeren enseigne à l'université Paris-I. Il a publié Idées reçues sur le Maroc (le Cavalier bleu, 2007), l'Histoire du Maroc depuis l'indépendance (la Découverte, 2006), et Maghreb, la démocratie impos­sible ? (Fayard, 2004).

Qu'est-ce qui a changé de Hassan II à Mohammed VI ?

Le principal changement, c'est que les gens ont cessé de vivre dans la peur, comme c'était le cas sous Hassan II et son ministre de l'Intérieur, Basri, qui vient de mourir. Hassan II était un roi très ­distant et redouté. Les Marocains le savaient très intelligent, mais aussi cruel. Mohammed VI, lui, est plus rassurant. Dès le début de son règne, il a bousculé le système policier qui régentait le pays en renvoyant Basri. Il a aussi affiché une volonté de transparence tout à fait nouvelle en reconnaissant que le régime avait échoué en matière de lutte contre la pauvreté. A la limite, au début de son règne, les Marocains ont eu plus peur pour le roi que peur de lui. Avec le temps, ces évolutions ont vu leurs limites : la nature du pouvoir fait que l'arbitraire persiste, que la corruption reste importante. Et puis il y a eu les attentats du 16 mai 2003, qui ont été suivis de grandes rafles policières, à l'ancienne. Enfin, on a tendance à oublier que la li­béralisation du régime avait commencé avant l'arrivée de Mohammed VI, en 1999. Hassan II avait donné le coup d'envoi de l'ouverture dans le domaine des médias et de la vie politique dès le milieu des années 90, notamment pour préparer la succession. Et, dans ce sens, il a parfaitement réussi.

Quel est le style de gouvernement de Mohammed VI ?

Il est moins autoritaire et moins directement impliqué que son père. Même s'il parle souvent de transparence et a fait de son épouse un personnage public, Mohammed VI est mal connu. Il délègue beaucoup aux technocrates et aux ingénieurs dont il s'entoure. Il procède en permanence à des nominations, ce qui ­donne lieu à un jeu complexe de chaises musicales. Le roi, pour sa part, a pris des engagements forts, parfois mis à mal : pas de journalistes en prison, l'installation de la démocratie, une meilleure éthique des forces de l'ordre, une justice moins corrompue. Il s'est aussi montré sensible à la détresse causée par l'extrême pauvreté, là où son père semblait insensible. Au point qu'on l'a surnommé au début «le roi des pauvres». Ce n'est plus le cas, mais la ­tâche est titanesque et les moyens manquent. Je ne pense pas que ces proclamations soient purement démagogiques. Seulement il y a, autour du roi, bien des gens qui redoutent la démocratisation. Les élites marocaines sont souvent très conservatrices, par peur de l'inconnu.

Depuis 1999, comment a évolué le palais royal, le Makhzen ?

A part quelques conseillers de Hassan II comme André Azoulay et des généraux, il y a eu un net renouvellement. Mohammed VI est entouré par ses anciens camarades de classe du Collège royal, de jeunes élèves brillants issus de milieux mo­destes, qui avaient été sélectionnés et amenés au palais royal pour faire leur scolarité avec le prince. Le plus emblématique d'entre eux est Fouad Ali al-Himma (lire ci-dessous). On trouve aussi des technocrates, comme le ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa. Ajoutez à cela quelques hommes politiques et les héritiers des grandes familles, qui forment le vivier de la monarchie depuis des ­siècles. Ce qui a changé, c'est que le critère de compétence est plus important. On ne peut plus détourner l'argent public ouvertement, comme par le passé. En matière de corruption, certains abus sont sanctionnés. Le problème, c'est que le système repose sur la vertu, car la justice ne constitue pas un garde-fou.

Quelles sont les lignes rouges du régime ?

Fondamentalement, elles sont restées les mêmes : le caractère sacré de la personne du roi, la religion et le Sahara. Ce qui a changé, c'est la marge de manoeuvre. Dans les années 80 et 90, on ne pouvait ainsi pas parler du Front Polisario [qui réclame l'indépendance du Sahara occidental, ndlr], il n'existait pas. Aujourd'hui, il arrive que ses leaders soient interviewés dans la presse marocaine. Mais la «marocanité» du Sahara reste intouchable. Il y a peu de chance que l'on évolue vers une monarchie parlementaire. Aucune réforme de la Constitution n'est en vue depuis 1976, or l'article 19 stipule que le roi est au-dessus de tous les pouvoirs. Le roi semble préférer la création d'autorités indépendantes, mais ces instances sont nommées, pas élues. Tant que le problème du Sahara reste en suspend et qu'il y a un risque de déstabilisation islamiste, les choses ne bougeront pas. Au contraire, les attentats kamikazes de 2003 et 2007 ont convaincu nombre de Marocains qu'il faut une monarchie forte pour chasser le spectre d'une guerre civile à l'algérienne.

AYAD Christophe

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