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Les "grands" ne sont "grands" que parce que nous sommes à genoux Levons-nous!






Le système des palais

Les trois hommes qui ont comparu jeudi 24 janvier devant la Cour d'appel de Salé ont la particularité d'exercer leur métier à l'intérieur d'un palais ou d'une résidence royale. Un majordome, un préposé au courrier et un agent de sécurité. Les trois hommes sont poursuivis, d'après les volumineux dossiers d'inculpation, pour complicité dans une affaire de détournement d'agréments royaux. Rien que du banal, de
l'ordinaire, un procès comme un autre. Depuis quelques années, il est devenu “normal” de voir le petit personnel des palais et résidences de Mohammed VI traîné en justice, dans des procès ouverts au public.Et pourtant. Il n'y a pas si longtemps encore, les affaires liées aux palais royaux relevaient quasiment du secret d'Etat. Personne n'y trouvait à redire. Les demeures du roi, pensait-on alors, abritent la vie personnelle, intime, du chef de l'Etat, ses indiscrétions, ses petits riens du quotidien. Tout un (petit) monde secret, parallèle, lointain, parfaitement verrouillé de l'extérieur mais bien soumis, malgré lui, à l'instar de n'importe quel domaine privé, aux indélicatesses du nombreux personnel (jugé) nécessaire à son bon fonctionnement. Changement de cap. Après des années de black-out total, les “ressources humaines” du Palais font aujourd'hui la Une des journaux. Dans la rubrique judiciaire le plus souvent. Une conséquence du coup de balai passé par Mohammed VI dans les palais de Hassan II. Un peu comme on se refait une déco plus à son goût.

L'omerta sous Hassan II

“C'est justement pour éviter les déballages publics que l'on évitait du temps de Hassan II de recourir à la justice dans ce genre d'affaires. Le défunt roi était intransigeant : ce qui se passait au palais devait se régler dans l'enceinte du palais, à l'abri des regards du public”, nous informe cet ancien fonctionnaire de la maison royale. “Les contrevenants étaient habituellement sanctionnés dans la discrétion la plus absolue. Le plus souvent, ils écopaient de périodes d'emprisonnement plus ou moins longues dans des cellules spécialement aménagées au sein même du palais. Mais parfois, aussi, il arrivait que des employés fautifs, généralement subalternes, soient condamnés à des châtiments corporels (coups de fouet) administrés par Abid El Afia (les esclaves du feu - lire encadré ci-dessous)”, résume un diplomate retraité, bon connaisseur du protocole royal. Résultat de l'omerta, le linge sale était lavé en famille, sans témoins, selon des rites moyennageux (et bien entendu illégaux).Et du linge sale, il y en a eu sous le règne de Hassan II. Mais pas de lavomatic médiatique : “Des affaires de vol et de détournement, en passant par les intrigues des courtisans et courtisanes, jusqu'aux scandales de mœurs réglés en catimini, ce ne sont pas les histoires scabreuses qui manquent. La plus marquante reste, bien évidemment, celle de Hicham Mandari”, se souvient notre source. Mandari, donc, qui, avant de se retrouver mort d'une balle dans la tête en 2004, fut à l'origine de plusieurs vols de documents secrets, de chèques et de bijoux dérobés du coffre-fort personnel de Hassan II, grâce à un réseau de complicités tissé au sein du harem royal. Dans le saint des saints. Signe d'un défaut de fonctionnement évident dans la cuirasse ultime.

Majidi, maître des clés

Mohammed VI aura eu tout le temps de tirer de précieux enseignements des indélicatesses de Mandari, qui ont pollué les derniers souffles du règne de Hassan II. Aussitôt intronisé, le jeune roi décide de remettre les compteurs à zéro en s'entourant d'une nouvelle garde. Au bout d'une brève période de transition, le personnel du Palais subit lentement mais sûrement une purge qui ne dit pas son nom. Les anciens hommes de confiance de Hassan II sont priés de déguerpir les uns après les autres, pour laisser place à de nouvelles têtes. “Hassan II les choisissait selon des critères purement affectifs sans tenir forcément compte de leur compétence, mais parce qu'il appréciait spécialement leur compagnie, comme pour son conseiller Ahmed Reda Guedira ou son chambellan Brahim Frej”, rappelle un ancien ministre. Mohammed VI, lui, va pêcher son secrétaire particulier dans le monde de la finance, en la personne de Mounir Majidi. Un secrétaire particulier du roi ne tape pas à la machine, il gère les palais et la fortune royale. Le monarque, qui préfère faire confiance à un homme rompu aux méthodes de management et de gestion, confie de surcroît le rôle de chambellan à Majidi. Bien avant sa nomination officielle, ce dernier s'emploie d'ailleurs à introduire de nouvelles méthodes pour “gérer” les palais royaux.C'est Majidi qui souffle notamment au roi, au lendemain de son intronisation, l'idée d'un audit généralisé de l'ensemble des palais et résidences royales. “Le premier but de cet audit était d'inventorier l'ensemble des biens présents dans ces palais, mais également de définir leurs vrais besoins et les budgets nécessaires à leur fonctionnement. Mohammed VI voulait optimiser la gestion des ressources de ses palais et, surtout, réduire leurs dépenses qui avaient atteint des dimensions vertigineuses durant le règne de son père et qui continuaient à augmenter même après sa mort”, explique un connaisseur de la cour royale.Composée de jeunes limiers de la comptabilité et du management, issus pour la plupart du holding royal SIGER, l'équipe de Majidi accomplit alors un véritable travail de fourmi. Les livres de comptes des divers palais et résidences royales, éparpillés aux quatre coins du royaume, sont passés au peigne fin. Fruit de plusieurs mois de dur labeur, le rapport d'audit que Majidi soumet au roi met à nu les nombreuses anomalies de gestion héritées de l'ère hassanienne. Commentaire de notre source : “Les malversations et les dysfonctionnements étaient tellement nombreux qu'il aurait fallu renvoyer l'ensemble du personnel des palais royaux, poursuivre en justice une bonne moitié et remplacer tout ce beau monde par de nouvelles recrues” ! Evidemment, il n'en sera rien. Le secrétaire particulier du roi opte plutôt pour la persuasion et l'effet d'annonce. De façon presque simultanée, plusieurs poursuites pour vols et détournements de biens du palais sont enclenchées aux quatre coins du royaume. Pour la première fois dans l'histoire de la monarchie marocaine, des membres du personnel royal sont traduits en justice.

Des scandales à la pelle

L'affaire la plus médiatisée éclate durant l'été 2004 avec, pour héros principal, Mustapha Hilali, le conservateur du palais d'Agadir. Accusé de malversations et de détournements des fonds du palais, ce colonel à la retraite est traduit en justice et condamné à cinq ans de prison. Mais une source proche de sa famille nous a confié que “le colonel Hilali a été relâché en appel pour être poursuivi en état de liberté provisoire, avant que le roi ne lui accorde tout récemment sa grâce”. Une chance que n'aura pas Hassan Zoubaïri, l'un des dix-neuf accusés dans l'affaire de vol et de détournement des stocks du palais royal de Marrakech. Un autre scandale impliquant le “petit personnel”. Appréhendé au début du mois de septembre 2005 avec son frère Mehdi, ce commerçant qui fournissait le palais en denrées alimentaires, décédera sous la torture au commissariat de police de Jamâa El Fna. Le principal accusé, l'officier intendant du palais de Marrakech, écope quant à lui de trois ans de prison. Entre-temps, un autre scandale éclate dans la résidence royale de Dar Essalam à Rabat : la célèbre affaire de “la vaisselle royale” (vol d'ustensiles de prix frappés des armes du défunt roi) qui aboutit à l'arrestation et à la condamnation d'une dizaine de personnes, pour la plupart travaillant dans cette résidence.Durant l'été 2006, la colère royale s'abat, pour des raisons autrement plus graves, sur le directeur de la sécurité des palais, Abdelaziz Izzou. Poursuivi pour ses relations suspectes avec le narcotrafiquant Cherif Bin Louidane, Izzou est actuellement incarcéré à la prison de Oukacha à Casablanca. Ironie du sort, c'est ce même Izzou qui avait dirigé, une année avant sa chute, l'enquête sur les vols dans le palais royal de Marrakech ! “Dès le déclenchement de cette affaire, les instructions étaient claires. L'affaire Izzou devait être liquidée très rapidement pour éviter que le procès ne s'éternise, donnant lieu à des déclarations et à des révélations plus embarrassantes les unes que les autres”, explique une source proche du dossier. Instructions ou pas, l'affaire Izzou semble aujourd'hui bien partie pour durer. Après deux premières audiences où l'ancien directeur de la sécurité des palais fut très bavard, une troisième audience devait avoir lieu le mercredi 30 janvier à la cour d'appel de Casablanca.La tour de visEn parallèle à cette vague de poursuites, Mounir Majidi redéfinit les procédures de gestion des budgets alloués au fonctionnement des palais. Désormais, et contrairement aux procédures souples en vigueur sous Hassan II, les dépenses des palais doivent être avalisées par Rabat. Des dépenses revues à la baisse de surcroît. Au grand dam du personnel des palais, qui regrette le faste d'antan. “La belle époque de Hassan II est révolue. Désormais, dans le palais, il n'y a plus que chalada (salade) et eau plate. C'est la diète forcée pour tous”, confiait à la presse, il y a quelques années, un employé de la maison royale. L'interdiction d'utiliser les cuisines en l'absence de Mohammed VI suscite toujours autant de remous chez les gens du Palais. “Du temps de Hassan II, l'ensemble des palais et résidences devaient êtres apprêtés comme si le monarque allait y débarquer à n'importe quel moment. Des buffets somptueux étaient dressés plusieurs fois par jour, alors qu'on savait que le roi était à l'autre bout du Maroc, voire à l'étranger”, explique un ancien du palais de Tanger. Hassan II retenu ailleurs, les serviteurs appréciaient ce buffet “open”, qu'ils se partageaient à la fin de la journée.Dans la foulée, Mohammed VI décide également que le ravitaillement des palais soit établi selon leurs vrais besoins, sans plus. L'achat et le stockage de denrées alimentaires, mais également l'octroi des bons de carburant, se font désormais en fonction de la fréquentation (par Mohammed VI) des palais et résidences royales. “Les palais et résidences désertés depuis plusieurs années par Mohammed VI, comme celle des Sablons à Salé, ou l'estivage royal de Skhirat, la résidence de la plage de Témara, le palais royal d'Ifrane ou encore la ferme royale de Bouznika, ont vu ainsi leurs dépenses réduites au strict minimum”, nous confie un ancien fonctionnaire du protocole royal. “Du temps de l'ancien chambellan, Brahim Frej, beaucoup parmi le personnel se servaient dans la caisse et les ressources du palais. Du colonel, en passant par le commissaire, jusqu'au simple capitaine, des agents de l'Etat de divers corps et de divers grades s'approvisionnaient en denrées de toutes sortes et en carburant dans les domaines et les résidences royales”, poursuit notre interlocuteur.Mais les changements les plus spectaculaires sont introduits au niveau du protocole royal. En plus de la dissolution des harems de Hassan II, plusieurs corporations de serviteurs du Palais ont été réduites au strict minimum. D'autres ont tout simplement disparu. C'est notamment le cas de Abid El Afia (Esclaves du feu), qui faisaient dans le passé la police parmi les serviteurs du palais. Entamé dès la mort du général Moulay Hafid El Alaoui, à la fin des années 80, ce processus de changement commence timidement avec l'avènement de Abdelhak Lamrini au poste, plutôt symbolique, de directeur du Protocole royal et de la chancellerie. Il s'intensifie sous le règne de Mohammed VI qui, tout en restant attaché au protocole, désire y imposer sa griffe personnelle. “Certaines pratiques rétrogrades, telles que l'enveloppement de la main du roi dans du tissu avant de l'embrasser par un serviteur, ont été bannies. Mohammed VI a aussi mis fin au rituel de la Belgha, selon lequel un serviteur le chausse et le déchausse à son entrée et à sa sortie de la mosquée”.

La tour de vis

est pourtant restée sans incidence sur le budget alloué chaque année par l'Etat au fonctionnement des palais. “En huit années de règne de Mohammed VI, le budget de la monarchie, notamment la rubrique consacrée aux dépenses de la cour royale, n'a connu aucune baisse. Bien au contraire, le crédit alloué à l'achat de matériel et aux dépenses diverses de la cour atteint en 2008 environ 1,5 milliard de dirhams. Soit une augmentation de plus de 25 millions de dirhams par rapport à 2007 et plus de 179 millions par rapport à 2006”, s'étonne un député. Inflation ou pas, le budget est toujours passé comme une lettre à la poste, un état de fait qui (per)dure depuis 1958, date de l'instauration de la première liste civile et du premier budget étatique alloué à la monarchie sous le gouvernement de Abdellah Ibrahim. “C'est Abderrahim Bouabid, alors ministre des Finances, qui a élaboré ce budget suite à l'insistance de Mohammed V. Rares sont les députés qui ont osé le discuter. Pourtant, ce ne sont pas les fortes têtes qui manquaient à l'époque”, se rappelle un ancien compagnon de Bouabid. Assez modeste au début, le budget de la monarchie augmente d'année en année. Avec l'intronisation de Hassan II, il s'emballe même, avant d'atteindre des sommets durant l'état d'exception décrété en 1965. C'est précisément durant cette période que la plupart des palais et résidences existants aujourd'hui sont construits ou restaurés.

À palais, palais et demi

Pour bien saisir l'importance de la “carte” des palais et des budgets qui leurs sont alloués, il est nécessaire de retourner, donc, à l'époque hassanienne. “Hassan II n'a hérité de Mohammed V que de quatre palais véritablement habitables : celui de Casablanca, qui sera agrandi et restauré par la suite, le palais de Rabat, qui sera lui aussi étendu et enrichi de nouvelles ailes, le palais d'Ifrane qui a été légué par les Français puis modernisé et agrandi par les Marocains. Et enfin, l'actuelle résidence royale de Dar Essalam au quartier Souissi, qui s'appelait dans le temps Ksar Essalam”, énumère un historien. à Skhirat, Hassan II se dote d'une résidence aux allures de palais mais qui, officiellement, porte le nom plus discret de Moustaf Malaki (estivage royal). Une vingtaine de kilomètres plus au sud, à Bouznika, il fait construire une autre bâtisse prestigieuse qu'il nomme officiellement Mazraâ Malakia (ferme royale). La première demeure construite pour et par le roi défunt, et portant le titre de palais royal, est érigée sur les hauteurs de Tanger, précisément au Jbel Lkbir (la grande montagne). Suivra le palais d'Agadir, tandis que les palais de Marrakech, Fès, Meknès, Tétouan, Casablanca, Rabat et Ifrane sont relookés par l'architecte français André Paccard. Le gros-œuvre est, quant à lui, confié à un autre proche du Palais, l'entrepreneur Mohamed El Mernissi. Cette frénésie dure jusqu'au milieu des années 90, avec l'inauguration d'un deuxième palais à Agadir et d'un autre à Erfoud, construit sur les ruines d'un ancien hôtel. Ceci sans oublier la flopée de résidences qui essaiment comme des champignons de part et d'autre du Maroc… à l'exception notable des provinces du Sud.Pour gérer cet empire immobilier, Hassan II crée au début des années 80 un nouveau ministère complètement indépendant du gouvernement : le ministère de la Maison Royale, du Protocole et de la Chancellerie, qu'il confie au général Moulay Hafid El Alaoui, proche parmi les proches. C'est un faux ministère et un vrai tour de passe-passe : “En mettant son parc de palais et de résidences sous la houlette de ce ministère, Hassan II se déchargeait judicieusement du fardeau financier lié à leur gestion. Et en vertu d'un étonnant statut hybride, ni public, ni privé, ces palais, dont le fonctionnement était désormais financé par les deniers publics, restaient malgré tout sous la totale emprise royale”, se souvient un ancien ministre. Pour soulager davantage les finances de Hassan II, Moulay Hafid El Alaoui, qui s'avère d'une efficacité redoutable, sort de son chapeau une deuxième astuce : il recrute l'essentiel du personnel des palais en puisant dans les ressources humaines des offices et départements ministériels, ces derniers assumant de facto le paiement des salaires versés aux employés de Sa Majesté. En plus des médecins employés dans les nombreux dispensaires royaux, des cadres financiers issus du ministère des Finances et des techniciens de divers ministères, le Palais “se sert” ainsi dans les effectifs des employés de la promotion nationale. A un niveau supérieur, les conservateurs des palais et les intendants sont eux aussi recrutés le plus souvent parmi les officiers supérieurs de l'armée… qui continue à leur verser leurs soldes. Et pour boucler la boucle, le Palais commence à se ravitailler chez des entreprises appartenant au… roi ! Qu’il paie, on imagine, rubis sur l’ongle. Une nouvelle astuce que l'on doit, cette fois, à Brahim Frej, fidèle chambellan de Hassan II.

Autarcie, quand tu nous tiens

Chargé de fructifier la fortune de son roi, Frej fait donc en sorte qu'une bonne partie du ravitaillement des palais soit assurée par des filiales de Siger (anagramme de Regis, roi en latin), le holding royal qu'il dirigeait. Parmi ces filiales, Primarios fournit l'essentiel de l'immobilier et des objets de décoration présents dans les palais et résidences royales. Cette société fabrique, entre autres, les kitchissimes fauteuils capitonnés et les fameuses tentures dorées du palais qui meublent les photos officielles du Matin du Sahara.Au registre denrées alimentaires, le Palais se ravitaille en produits laitiers, viandes, fruits et légumes auprès des Domaines Agricoles. Anciennement appelée Domaines Royaux, cette société privée est également une filiale de Siger. Elle dispose de plusieurs exploitations dont la plus célèbre, celle de Douiet dans la région de Fès, fournit le fameux Chergui, l'unique marque de produits laitiers qui a droit de cité dans les cuisines royales depuis des décennies. Abritant un pavillon royal (évidemment meublé par Primarios), le domaine de Douiet s'étend sur plusieurs milliers d'hectares et compte en son sein un lac de cent hectares. Autre fournisseur du Palais, le domaine de la résidence du lac à Salé fournit essentiellement des fruits et végétaux.C'est donc ce système dont a hérité, aujourd'hui, Mohammed VI. Un système qu'il a su, avec l'aide notamment de son secrétaire particulier, moderniser, développer, auditer… et fructifier. Mais pas seulement. Un familier de la Cour explique : “Emporté par son élan réformateur, Mohammed VI a songé au début des années 2000 à ouvrir certains de ses palais au public et aux touristes”. Carrément. A Casablanca, on a même évoqué l'inauguration d'un musée au palais des Habous. “Du temps de Mohammed V, les gens pouvaient accéder à certains palais tels que Ksar Essalam à Rabat, au mausolée de Moulay El Hassan dans le palais de Rabat et au palais des Habous à Casablanca. Ces visites ont perduré jusqu'aux premières années du règne de Hassan II, avant d'être brutalement interdites”, poursuit notre source.Après les attentats de mai 2003, Mohammed VI a pourtant fini par abandonner ce projet qui aurait pu permettre aux Marocains de percer, ne serait-ce que partiellement, le secret de la Cour et de ses fastes. Les palais se sont donc refermés comme des huîtres. Durant l'année 2005, plusieurs immeubles privés sont même détruits, notamment à Marrakech et à Agadir, à cause de leur trop grande proximité avec un palais royal. à Rabat, sécurité oblige, le quartier Touarga, qui abrite le palais royal du Méchouar, le palais Riad et le palais Diafa, est désormais fermé aux passants et aux automobilistes. Les palais sont retournés au silence. “Mais il reste les procès publics faits au petit personnel pour permettre à l'opinion publique de suivre, même de loin, le déroulement (d'une partie) de la vie à l'intérieur des palais”, rappelle, un brin ironique, notre interlocuteur. C’est toujours ça de gagné.

Par: Majdoulein El Atouabi
avec Hassan Hamdani .


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Dans son ouvrage de référence, Le protocole et les usages au Maroc, des origines à nos jours publié en 1971, Mohamed El Alami, membre du cabinet de l'ancien Premier ministre Abdellah Ibrahim, énumère une dizaine de corporations de serviteurs et de métiers qui évoluent depuis toujours au sein des palais : la corporation des porteurs des fusils royaux, la corporation des gens de thé, la corporation des gens de lit, la corporation des gens de tapis de prière, la corporation des gens de l'eau, la corporation des bouchers, la corporation des gens de bains, la corporation des gens de l'écurie dirigée par Caïd Er-Rua. En plus des servantes de la cour, dirigées par une “Arifa Dar” (gouvernante). Si la plupart de ces corporations ont disparu avec le temps, certaines ont survécu. C'est notamment le cas des Mchaouriya, agents chargés de communiquer les instructions royales et d'assurer la sécurité du souverain. Reconnaissables grâce à leurs chéchias et leurs caftans ouverts, ce sont eux qui prononcent la fameuse invocation “Allah Ybarek Fi Aamer Sidi”. Accessoirement, ils s'occupent également d'exécuter certains châtiments prononcés par le roi. Mais dans un passé récent, ce rôle était surtout rempli par Abid Al Afia (littéralement “les esclaves du feu”). L'autre survivance du passé est la corporation des Mzarek, Mkhaznia porteurs de lances lors des processions royales. Toujours selon Mohamed El Alami, jusqu'aux dernières années du règne de Hassan II, certains palais du royaume continuaient toujours à abriter parmi leurs murs de vieux eunuques appelés “Al Makhssiyine” en arabe classique et “At-Tauwachya” dans le jargon du Palais.
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Situé à Founty, à proximité de la plage, le palais royal d'Agadir a été l'objet de tous les fantasmes du temps de Hassan II. La demeure, construite sur ordre du roi défunt au début des années 90, a été brutalement (et mystérieusement) délaissée par lui. Les récits les plus fous affirment que Hassan II a déserté les lieux, suite à des phénomènes paranormaux survenus dans le palais. Certains sont allés jusqu'à évoquer “un jenn apparu devant Hassan II pour lui ordonner de vider les lieux”. Un mauvais génie, donc, qui aurait menacé de maudire le roi et sa famille, promettant à Hassan II tous les malheurs du monde en cas de non-obéissance… D'autres rumeurs, toujours dans le style X-files, mais plus en liaison avec l'actualité politique, affirment que le Polisario possédait les plans du palais d'Agadir ! Loin des délires du téléphone arabe, la réalité est évidemment plus prosaïque, très téléfilm marocain sans envergure : “Hassan II était asthmatique. L'humidité était trop élevée dans la zone où a été érigé le palais. Ses médecins lui ont tout simplement conseillé d'éviter l'endroit”, nous explique un ancien responsable de la sécurité royale.

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