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BEN GUERIR AIR BASE OF USA

Les "grands" ne sont "grands" que parce que nous sommes à genoux Levons-nous!

Détails sur les relations secrètes entre Israël et le Maroc

Selon l´AFP 19 août 2005 :





Pourquoi le Maroc ne rompt pas ses relations avec Israel?


- L'intrusion du Mossad au Maroc s'est faite par des voyages clandestins de nombreux agents du Mossad et de leur chef Isser Harel, entre 1958 et 1960.
- C´est parce que le Mossad a fbriqué de toutes pièces et fourni des renseignements "très précis" quant à un complot visant "à tuer le prince héritier" - en février 1960 - que les relations entre le Hassan II et Israël ont débuté.- Selon l'ancien agent du Mossad, Yigal Bin-Nun, un exemple: une rencontre est arrangée - en février 1963 - chez le juif Benhamou, rue Victor Hugo à Paris, entre l'agent Yaakov Karoz et un représentant de Hassan II.- Selon Yigal Bin-Nun, Hassan II a voulu se rapprocher d'Israël parce qu'il était fasciné par les méthode brutales de l'occupation juive en Palestine, comme - auparavant - il a été fasciné comme - comme Moulay Hafid - par l´ occupation française au Maroc.- Beaucoup de petits despotes - tel que Hassan II - nostalgiques du colonialisme, de la loi da jungle, de l'occupation et de grand banditisme à grand échelon royal, étaient fascinés par la capacité d´Israël à écraser toute résistance.- Ben Gourion avait décidé d'opter pour créer et développer une ceinture d'Etats arabes vassales proche ou lointains mais dociles.-Le premier contacr entre Hassan et le Mossad eut lieu le 1er septembre 1958. Hassan II garda cette visite dans un secret total, préparant ainsi le terrain à "l'accord" conclu entre le Palais et Israël favorisant l'exode des Juifs du Maroc pour aider Israël dans son occupation à mieux vaincre démographiquement ses victimes Palestiniens Musulmans et Chrétiens.- Les officiers et agents de Hassan II se rendirent clandestinement en Israël et des politiques et militaires israéliens firent durant de longues années le chemin inverse. - Les archives nationales d'Israël regorgent de documents historiques qui retracent ces liens. Hassan II a souvent demandé aux Israéliens de le renseigner sur les Etats arabes favorables à un renversement de la monarchie alaouite. - Israël a aussi soutenu Hassan II dans sa "Guerre des Sables" avec l'Algérie en lui livrant des blindés. Des officiers de Tsahal et du Mossad ont formé et encadré la jeune armée royale et les services de sécurité dont le célèbre Cab-1, l'embryon de la DST. - En retour, et malgré l'envoi - en guise de camouflage - de troupes au Golan jugé "anecdotique", Hassan II n'a eu de cesse d´oevrer pour "normaliser" l'existence d´Israël auprès du monde arabe, en jouant par exemple un rôle capital dans l'accord de capitulation et de la neutralisation de l'Egypte qui coûta la vie au traître Anouar Sadate, ou encore d'ouvrir à Rabat et à Tel-Aviv des antennes diplomatiques.- Jusqu' à aujourd'hui Israël a continué à aider "technologiquement" le régime alaouite pour se maintenir au pouvoir.
- Le secret et les tabous ont toujours entouré les relations entre la monarchie au Maroc et l'Etat d'occupation Israël. Leurs liens sont souvent passés sous silence. Pourtant, ils existent bel et bien… Drôle de jeu auquel ils se livrent. Un couple qui semble avoir fait sien l’adage « pour vivre heureux, vivons cachés ». - Dernière polémique en date, les accusations portées à l’encontre du maire de Marrakech, Omar Jazouli, affirmant que ce dernier aurait signé un accord de coopération, le 22 février 2007 à Marseille, avec le maire de la ville israélienne de Haïfa, Yona Yahav. Le quotidien marocain Attajdid a carrément lancé un appel implicite à l’intifada contre l´nfiltration juive de la "normalisation" avec les occupants juifs. - Arguant des exactions croissantes des occupants Israéliens contre les Palestiniens, les Islamistes marocains refusent toute normalisation avec l’Etat juif. Et ce ne sont pas les seuls.
- Dès lors qu’il s’agit de l’Etat d'occupation juif occupant et usurpateur, aucune des personnes concernées n’admettra publiquement et ouvertement avoir un lien, de quelque nature que ce soit, avec Israël. - Et pour cause. Entre un conflit - relatif à l'occupation juive de la Palestine, entre juifs occupants d'un coté et musulmans et chrétiens résistants de l'autre - vieux de plus de près de 60 ans, un islamisme résistant, des peuples arabo-islamiques se développe rapidement et le contexte pour le régime de Hassan II - qui continue sans lui - ne se prête pas vraiment à la franchise.
- Pourtant, jusqu´à aujourd´hui, Mohamed VI et le Mossade continuent à entretenir des relations secrètes et très étroites. Visites de ministres israéliens au Maroc, travail de lobbying auprès de la communauté internationale…etc...
- Sur le plan diplomatique, Mohamed VI [en tant que "président du Comité Al Qods"(!!!)] - qui a hérité de son père cette relation "amoureuse" et illégitime avec le Mossad - affiche ainsi de manière plus ou moins ouverte, en fonction de la situation en Palestine, au Moyen-Orient et de la conjoncture politique internationale en général, sa volonté de "normaliser" ses relations avec Israël qui ne sont déjà que plus que "normales"! Le « bon élève » Mohamed VI est tout sauf désobéissant aux directives de ses maîtres juifs.- Sur le plan commercial, les relations alaouites-israéliennes semblent poursuivre paisiblement leur petit bonhomme de chemin, narguant la colère du peuple marocain. On estime à plus d’une centaine les entreprises israéliennes opérant plus ou moins au grand jour sur le territoire marocain, notamment dans le domaine agricole. - Et les entrepreneurs israéliens défricheraient le terrain pour leurs compatriotes diplomates juifs. - Côté israélien, les derniers chiffres - publiés par The Israeli Export and International Cooperation Institute - font état, pour le premier trimestre 2006, de 46 firmes israéliennes qui auraient exporté au Maroc pour un total de 2 millions de dollars, soit une augmentation de 23,5% des exportations par rapport à la même période en 2005.
- Business is business, a-t-on coutume de dire dans la tradition alaouite enjuivée. - La communauté juive au Maroc ne compte plus, aujourd'hui, que 4.000 membres concentrés essentiellement à Casablanca.
- Cette communauté juive est pour beaucoup dans les liens de "normalisation" "mossadistes" actuels, et pas seulement - comme le prétend la propagande officielle - dans le seul domaine économiques, entre l´état alaouite et l´état d´occupation juive.
- Si le juif et le conseiller principal de Mohamed VI - André Azoulay - est le plus connu des agents du Mossad au Maroc, il y a aujourd'hui des milliers d'agents secrets du Mossad qui travaillent activement au Maroc pour asseoir et encrer le pouvoir juif sur notre pays occupé dans tous les domaines et secteurs de notre vie politique, économique, culturelle et sociale. - A l´époque de l'Intrnet le site "www.dafina.net " (qui se définit comme "le net des Juifs du Maroc"), est l´un des filet électronique que le Mossad utilise pour le recrutement même des jeunes "recru" marocains aux service d'Israël: en commençant à leur faire écumer les célèbres boîtes de nuit de Tel-Aviv et avec l'aide de quelques "agences de voyage" du Mossad, à Casablanca notamment, qui proposent discrètement à leurs clients des séjours tous frais compris à partir de 10.000 dirhams. Le statut et le réseau social de ces "touristes" marocains d’un nouveau genre leur facilite également l’entrée sur le territoire palestinien occupé.
- Certains "Marocains" choisissent même de s’installer dans l’Etat d'occupation juive. Ainsi, c’est avec une note de suffisance non dissimulée que le quotidien israélien Yediot Aharonot, sous la plume de Yaakov Lappin, rapporte dans l’édition du 21 février 2007 l’histoire de Fayçal. G, un jeune Casablançais de confession musulmane résidant à Tel-Aviv. Fayce -pseudonyme choisi pour l’occasion - serait arrivé en Israël en 1997 pour étudier à l’Université de Tel-Aviv après des études secondaires dans un lycée juif de Casablanca.
- Fayçal travaille actuellement pour une société de NTIC à Tel Aviv et se dit déterminé à renouveler son visa étudiant - expiré voilà deux ans - malgré les réticences du ministère de l’Intérieur israélien.
- L’histoire de Fayçal, racontée en intégralité par Béni Issembert, un journaliste israélien d’origine française, a été publiée en France aux Editions Ram sous le titre "Fayce, le Je de la paix " ! Auquel il falait ajouter le sous-titre de "Produit typique du régime alaouite"!
- Ici et là, des supports de presse rapportent quant à eux des expulsions de prostituées marocaines "musulmanes" d’Israël qui y vendraient clandestinement leur chair le soir après leur journée de travail dans des usines et des ateliers. - L’association islamiste Mouvement Unicité et Réforme (MUR) dénonce carrément une « filière de prostitution marocaine en Israël ». Réseau mafieux juif qui, selon une organisation de résistance palestinienne, emploierait près de 600 jeunes filles maroco-musulmanes dans des villes israéliennes et des colonies juives, notamment en Cisjordanie occupée. Le "scoop" a même été repris par le quotidien arabe londonien Al Quds Al Arabi. - Voilà à quelle honteuse et humiliante situation ce régime "alaouite" juif nous a mené.
- En 1956, le sultan Mohamed V - sacralisé par les juifs - est de retour. “Pas un seul ministère ne se constitue sans un juif”, rappelle le juif Serge Berdugo, l'exemple le plus significatif étant celui du juif Dr Benzaquen, le ministre des PTT. Des juifs sont à l'Assemblée constituante, à l'OCP, dans les partis "nationalistes" etc...


- 1956 l'activisme du Mossad est relançé. Robert Assaraf le rappelle que c'est sous l'ombrelle des services israéliens que Mohamed Laghzaoui, alors chef de la Sûreté nationale, signe avec le représentant au Maroc du Congrès juif mondial un accord organisant l´exode des juifs vers la Palestine occupée.

- Ayant soutenue activement l'occupation colonialiste française, les juifs sont pris de panique à l'aube de l'indépendance et leur exode vers la Palestine occupée fut exacerbée par l'adhésion du Maroc, en 1958, à la Ligue arabe et à son très explicite corollaire, le Bureau de boycott arabe contre Israël. Car les juifs ont peur d'un Maroc indépendant et appartenant à sa nation arabo-islamique. Ils sont pour un Etat JUIF dans une Palestine qu'ils occupent et contre un Etat ISLAMIQUE libre dans un Maroc libéré !- Selon le juif Simon Lévy, ls visite au Maroc de Nasser, lors de la Conférence africaine de Casablanca en 1961, déclencha une vague de panique parmi les juifs restés au pays, qui s'enferment dans leurs mellahs. - Selon le juif Simon Lévy: le Misgueret (organisation clandestine fondée au Maroc par le Mossad ) organisa avec la collaboration personnelle de Hassan II l' attribution des passeports collectifs qui sont distribués directement à l'Agence juive. Bateaux de la Comanav, cars de la CTM et avions de la RAM étant réquisitionnés la nuit ou hors des heures de service normal.- Cinquante dollars américains par personne, au départ, est le prix fixé, comme l'expose auteur juif Agnès Bensimon dans son livre Histoire d'une émigration secrète. 500 000 dollars ont été directement versés à Hassan II à Genève, sous la couverture du HIAS, poursuit Robert Assaraf.

- “Hassan baâ Lihoud bzraâ”, dit la rue marocaine en référence à un accord agricole passé avec les Etats-Unis - dirigés aussi par le lobby juif.

Hassan II a-t-il vendu “ses” juifs ? Non! En fait Hassan II a vendu la Palestine aux juifs!

- Au total, quelque 100 000 juifs sont partis entre 1961 et 1967, dont plus d'un tiers pour la seule année1963.- A la suite de la Guerre des Six jours en 1967, le reste des juifs au Maroc prit panique en observant la réaction nationaliste fervente du peuples marocain. C'est aussi le temps du réveil du peupla marocain avec le boycottage des médecins, des commerçants et surtout des avocats juifs au Maroc. La lutte de la résistance contre l'occupation juive doit être totale ou pas ! Le Maroc est aussi devenu une Palestine occupée..aussi ... par les juifs !
Une récente dépêche de l´
AFP du 26 janvier 2008:
« Selon un livre écrit par un journaliste israélienet (publié vendredi 25 janvier 2008 par le journaliste israélien Shmouel Seguev, et préfacé par un ancien chef du Mossad, le service d’espionnage israélien, Ephraïm Halévy, et publié en hébreu par les éditions Matar sous le titre Le lien marocain) fourmille de détails sur les relations secrètes entre Israël et le Maroc.
(On y apprend que Ben Barka a rencontré en 1960 un haut responsable du Mossad pour lui demander - en vain - une aide financière... David Ben Gourion, le fondateur d’Israël, en a averti le souverain marocain), Meir Amit, doté d’un faux passeport, a rencontré à Marrakech le roi Hassan II pour lui déclarer :
« Nous pouvons et nous voulons vous aider.» Les instructeurs d’Israël ont ensuite entraîné des officiers marocains, formé des aviateurs au pilotage de Mig-17 soviétiques, organisé ses services secrets, surveillé la construction de la barrière entre le Maroc et l’Algérie, vendu des armes, y compris des chars AMX-13 français, et équipé des embarcations de pêche de radars pour les transformer en garde-côtes. En 1965, Israël a pu suivre le sommet arabe de Casablanca et a ainsi découvert l’impréparation des armées arabes bien avant la guerre de juin 1967. M. Seguev consacre aussi une place importante aux pourparlers du Mossad avec le roi Hassan II, qui ont préludé à la rencontre secrète au Maroc du ministre israélien des Affaires étrangères, Moshé Dayan, avec le vice-Premier ministre égyptien Hassan Al Toami, puis au voyage historique du président égyptien Anouar Sadate à Jérusalem en 1977. M. Seguev ancien capitaine des renseignements militaires, puis correspondant à Paris du quotidien Maariv, souligne dans un entretien à l’AFP qu’il a des liens très étroits avec les renseignements israéliens. »
A.F.P.






Fille juive israélienne de Hassan II, et soeur de Mohamed VI, demande de rencontrer son frère M6 ...




Le palais royal au Maroc "après réflexion" refuse de donner une réponse officielle à sa demande...

La juive israélienne Hedva Selaa, 53 ans, ancienne, soldate de l´armée d´occupation israélienne Tsahal, aujourd'hui réceptionniste dans un hôtel à Eilat, dit être la fille naturelle du "commandeur des croyants" Hassan II et soeur du "nouveau commandeur des croyants" marocains! C'est le "scoop" présenté - le 19 août 2005 - à la Une d'un supplément du quotidien israélien à grand tirage Yedioth Aharonot . Sous le titre "le roi et moi", Hedva (Selaa est le nom de son mari) pose avec une photo du roi défunt – un cliché censé souligner leur ressemblance. Intitulé "une princesse marocaine", l'article raconte la romance qu'aurait eue Anita Benzaquen, la mere de Hedva, en 1952, avec le prince héritier Moulay Hassan, alors âgé de 23 ans.
Deux enfants seraient nés des amours illégitimes du prince Hassan (future Hassan II) et de sa maîtresse juive Anita, nièce de Léon Benzaquen, figure de la communauté juive marocaine et futur ministre des PTT du premier gouvernement marocain sous Mohamed V. Si Jacky, l'aîné, refuse toujours de parler à la presse, Hedva, la cadette, a décidé de "tout révéler" 8 ans après le décés de sa mère Anita, en 1997. Une mère que Hedva n'hésite pas à qualifier de femme frivole et multipliant les aventures. "Un test ADN n'est pas envisageable, admet Hedva, et mon frere Jacky a brulé toutes les archives de notre mère apres sa mort". Son récit s'appuie sur des recoupements familiaux impressionants. Aussi, elle ne demande rien, et notamment pas d'argent. Son unique souhait, dit-elle, est de "rencontrer mon demi-frère, le roi Mohammed VI". Pour tenter de donner suite à cette demande, Yedioth Aharonot a, contacté Badreddine Radi, un fonctionnaire du ministere de la Communication à Rabat. Après "24 heures de réflexion", dit le quotidien israélien, M. Radi a répondu que le Maroc "ne donnera aucune réponse officielle à ce récit".






























Abdelkrim voulait-il une «république du Rif» ?



Une République marocaine au Maroc. Voilà le pari que s'était lancé l'un des Marocains les plus charismatiques de notre Histoire, Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi. On l'ignore trop souvent mais le Maroc, à travers l'action du grand leader rifain, a indirectement initié plusieurs des mouvements nationalistes du XXème siècle. La cause ? La fondation, en janvier 1923, de la République du Rif. Cette initiative, audacieuse en pleine ère coloniale, est la principale conséquence de la victoire rifaine d'Anoual contre les troupes espagnoles, en juillet 1921.L'indépendance territoriale du Rif acquise, Abdelkrim concrétisa son souhait de fédérer l'ensemble des tribus rifaines au sein d'un même Etat. L'expérience dura plus de trois ans. Dirigée par Abdelkrim, la République du Rif avait une capitale (Ajdir), des institutions, une armée, une monnaie, un drapeau et surtout un territoire acquis grâce à une victoire prestigieuse et historique. Proclamant sa modernité et son attachement à l'Islam, la République d'Abdelkrim était une menace pour les puissances occidentales colonisatrices, parmi lesquelles la France et l'Espagne, mais aussi pour la monarchie et le Makhzen alaouite, inquiet de voir son autorité sérieusement remise en cause sur le sol marocain. Les autorités françaises ont donc convenu d'une action commune avec l'Espagne pour éliminer la résistance rifaine. La capitulation d'Abdelkrim El Khattabi, le 27 mai 1926, signifia la fin de la République du Rif.

Quelle était l'implication de la gauche dans le putsch de 72 ?


Quelle était l'implication de la gauche dans le putsch de 72 ?
En 1972, la crise institutionnelle marocaine était à son paroxysme lorsque le régime fut menacé de disparition par un second coup d'Etat. Un an après celui de Skhirat, l'armée allait de nouveau être à l'origine d'un putsch militaire. Le 16 août, le Boeing 727 qui ramenait le roi Hassan II au Maroc après une visite en France, a été attaqué par quatre avions de chasse marocains.


Qui a provoqué les émeutes de Casa 1981 ?

Des grandes énigmes de l'histoire récente du Maroc, celle des émeutes de 1981 demeure aujourd'hui encore inexpliquée par le Pouvoir.Elle est également l'une des plus meurtrières, car le 20 juin de cette année-là, plus d'une centaine de Marocains ont été tués à Casablanca.
CE jour-là, les manifestants se sont transformés en émeutiers incontrôlables que seule la répression par la force pouvait contenir.
La cause première de l'agitation était la hausse brutale des prix des denrées alimentaires de base (30%).
Une augmentation inacceptable pour les milliers de manifestants qui ont décidé d'investir les rues casablancaises pour crier leur colère et leur inquiétude.
Le ministre de l'Intérieur de cette époque, Driss Basri, qui n´agissait que sur ordre de Hassan II, avait ordonné et dirigé personnellement les opérations de répression. Celles-ci ont été marquées par des tirs appuyés sur la foule et le nombre exact de tués est toujours inconnu.
Les responsables de la ville et des forces de sécurité se rejettent encore la responsabilité des émeutes de 1981.
Un ancien capitaine de gendarmerie a affirmé récemment que Basri aurait ordonné de « réprimer les émeutes par tous les moyens ».
A quand le jugement des coupables de ce que les familles des victimes considèrent comme « un crime contre l'humanité » ?
Les “Chouhada Al Koumira”Mai 1981,
le gouvernement de Maâti Bouabid annonce une hausse des prix des principales denrées alimentaires. Une hausse justifiée par l’évolution des cours mondiaux de ces produits et l’incapacité de la Caisse de compensation d’en soutenir les charges. Les syndicats et les partis d’opposition, USFP en tête, montent au créneau et demandent l’annulation de ces hausses ainsi qu’une revalorisation du SMIG. Devant l’intransigeance du gouvernement et sous la pression des courants radicaux au sein de l’USFP et la CDT, un mouvement de grève générale est décrété par la centrale syndicale. Le 20 juin, la mobilisation est forte, le mouvement largement suivi. Dans le quartier de Hay Mohammadi, à Casablanca, des heurts violents ont eu lieu entre les forces de l’ordre et les grévistes. La tension gagne d’autres quartiers de la ville et la grève se transforme en émeutes populaires, qui dépassent de par leur ampleur l’encadrement des syndicats. La répression a été d’une brutalité inouïe. Bilan : plus de 200 morts, selon les syndicats et l'opposition (officiellement 70), dont la plupart ont été enterrés dans des fosses communes et anonymes. L’Etat marocain joue le durcissement à l’égard de l’opposition, en arrêtant des membres de l’USFP et de la CDT.Nouvelle décennie, nouvelle crise sociale et politique. En décembre 1990, le Maroc vit au rythme de la crise du Golfe. Malgré les trésors d’habileté politique et diplomatique déployés par Hassan II, pour tenir une position équilibrée dans le conflit, l’opposition marocaine demeurait farouchement hostile à toute forme d’intervention contre l’Irak. Surtout, la question offrait à l'opposition et aux syndicats une occasion inespérée de se repositionner sur le créneau de la contestation politique et sociale face à la nouvelle force montante : les islamistes. Le 14 décembre 1990, l’UMT (Union marocaine du travail) et l’UGTM (Union générale des travailleurs du Maroc) observent une grève générale, avec l’appui de l’USFP et l’Istiqlal. Mais cette fois-ci, c’est la ville de Fès qui connaîtra des affrontements entre grévistes (appuyés par les étudiants) et forces de l’ordre, qui dégénéreront en émeutes populaires, à nouveau férocement réprimées.

Qui fut vraiment Cheikh El Arab ?




Ahmed Agouliz était Cheikh El Arab. Un simple militant du mouvement national devenu l'icône d'une génération de déçus de l'indépendance du Maroc, celle qui a vécu terriblement les premières années post 1956.
Qualifié souvent de rebelle ou de révolté, Ahmed Agouliz était l'un des fondateurs du mouvement de Résistance dans le Souss et membre de l'Armée de Libération.
Cheikh El Arab était son pseudonyme le plus connu mais il en avait plusieurs autres. Son identité devait rester la plus floue possible car il était une cible très recherchée de la police marocaine, notamment à cause de son implication dans le "complot de 1963 ". A ce propos d'ailleurs, il avait été condamné à mort par contumace suite à un procès historique par le nombre d'accusés (plus d'une centaine), au début de l'année 1964. Homme de terrain plus que de paroles, Cheikh El Arab était persuadé de l'utilité d'agir par la force pour renverser un régime dont il redoutait l'autoritarisme.
Il estimait aussi que le Maroc n'était indépendant que dans les textes, que peu de changements avaient été opérés depuis 1956 afin de lui assurer une véritable indépendance.
Devenu membre de l'U.N.F.P. (Union Nationale des Forces Populaires) à la fin des années cinquante, Cheikh El Arab était issu de la frange la plus radicale du parti.
Il a finalement été tué par les forces de police le 7 août 1964, après une cavale de plusieurs mois.

مجلة إسرائيلية في الأكشاك المغربية ووزير



من الآن فصاعدا ومقابل 25 درهما فقط لا غير، يمكن للقارئ
المغربي أن يطلع على عصارة الفكر الصهيوني من خلال
شهرية إسرائيل ماغازين « ISRAEL MAGAZINE»
التي انتظرت عشر سنوات –أي منذ ميلادها- لتقتحم أول
سوق عربية بفضل شركة «شوسبريس» المغربية الشريفة
التي تضطلع بمهمة توزيعها في بلد أغلق مكتب الاتصال
الإسرائيلي وتناسى إغلاق منافذ أخرى لتغلغل الخطاب
الصهيوني الذي إن طردته من الباب عاد من النافذة
وصل إذن هذا الأسبوع العدد رقم 101 من مجلة «إسرائيل
ماغازين» (بتاريخ يوليوز2009) إلى أكشاكنا المغربية
وسيكون من عبث العابثين التذكير بأن الحكومة المغربية
سمحت لهذه المجلة الصهيونية بأن تلجأ إلى السوق المغربية،
مرتبطة باتفاقيات والتزامات مع مخلوق عجائبي اسمه
«الجامعة العربية» تقضي بمقاطعة إسرائيل ومنتوجاتها وبضائعها حتى البضائع الإعلامية منها
ولعل الذين منحوا تأشيرة الدخول إلى السوق المغربية لهذه «التحفة» الصهيونية انبهروا بمقالاتها حيث تتحدث عن «التقدميين العرب» الذين يرفضون أن يتحولوا إلى «إرهابيين». وقد أوصت المجلة خيرا بهؤلاء العرب «المعتدلين» الذين حاولوا حسب مجلة «إسرائيل ماغازين». أن «يعيدوا النظر في النظام التربوي العربي ومقاربتهم للإسلام في اتجاه التطبيع الكامل والشامل مع «دولة إسرائيل». واعترفت المجلة الصهيونية مع ذلك بـ«شجاعة التقدميين العرب الذين يخاطرون بحياتهم» فداء لإسرائيل، ودعت إلى «بذل كل الجهود من أجل دعمهم». بكلمة أخرى تدعو المجلة إلى عملية قيصرية تسفر عن ميلاد «الصهاينة العرب»، وربما ستدعو في أعداد قادمة حكومة نتنياهو إلى إحداث وزارة إسرائيلية لدعم «الصهيونية العربية» وتمويلها وفتح كافة القنوات الدولية أمام توسعها وانتشارها عالميا حتى يتحول بعض العرب إلى مُبشّرين بتعاليم هرتزل بالوكالة عن الموساد والجمعيات الصهيونية النافذة من قبيل «إيباك» الأمريكية التي تتحكم في القرار الأمريكي المتصهين إلى أبعد الحدود. فتح وزير الاتصال الباب لمجلة «إسرائيل ماغازين» بالمغرب. لكنَّ صوتَها هنا سيظل مبحوحا، كما أن كاتم صوتها سيظل هو ذلك الإيمان المغربي العميق بعدالة الحق الفلسطيني، رغم الأصوات النشاز التي تَبْرزُ هنا بين الفينة والأخرى. لكن تأكدوا أن خُفَّاشاً صهيونيا واحدا لن يصنع أبدا ربيع الصهيونية في بلد يملك من الحصانة ما يكفي ضد «المُطَبّْعين بلا حدود.






Le système des palais

Les trois hommes qui ont comparu jeudi 24 janvier devant la Cour d'appel de Salé ont la particularité d'exercer leur métier à l'intérieur d'un palais ou d'une résidence royale. Un majordome, un préposé au courrier et un agent de sécurité. Les trois hommes sont poursuivis, d'après les volumineux dossiers d'inculpation, pour complicité dans une affaire de détournement d'agréments royaux. Rien que du banal, de
l'ordinaire, un procès comme un autre. Depuis quelques années, il est devenu “normal” de voir le petit personnel des palais et résidences de Mohammed VI traîné en justice, dans des procès ouverts au public.Et pourtant. Il n'y a pas si longtemps encore, les affaires liées aux palais royaux relevaient quasiment du secret d'Etat. Personne n'y trouvait à redire. Les demeures du roi, pensait-on alors, abritent la vie personnelle, intime, du chef de l'Etat, ses indiscrétions, ses petits riens du quotidien. Tout un (petit) monde secret, parallèle, lointain, parfaitement verrouillé de l'extérieur mais bien soumis, malgré lui, à l'instar de n'importe quel domaine privé, aux indélicatesses du nombreux personnel (jugé) nécessaire à son bon fonctionnement. Changement de cap. Après des années de black-out total, les “ressources humaines” du Palais font aujourd'hui la Une des journaux. Dans la rubrique judiciaire le plus souvent. Une conséquence du coup de balai passé par Mohammed VI dans les palais de Hassan II. Un peu comme on se refait une déco plus à son goût.

L'omerta sous Hassan II

“C'est justement pour éviter les déballages publics que l'on évitait du temps de Hassan II de recourir à la justice dans ce genre d'affaires. Le défunt roi était intransigeant : ce qui se passait au palais devait se régler dans l'enceinte du palais, à l'abri des regards du public”, nous informe cet ancien fonctionnaire de la maison royale. “Les contrevenants étaient habituellement sanctionnés dans la discrétion la plus absolue. Le plus souvent, ils écopaient de périodes d'emprisonnement plus ou moins longues dans des cellules spécialement aménagées au sein même du palais. Mais parfois, aussi, il arrivait que des employés fautifs, généralement subalternes, soient condamnés à des châtiments corporels (coups de fouet) administrés par Abid El Afia (les esclaves du feu - lire encadré ci-dessous)”, résume un diplomate retraité, bon connaisseur du protocole royal. Résultat de l'omerta, le linge sale était lavé en famille, sans témoins, selon des rites moyennageux (et bien entendu illégaux).Et du linge sale, il y en a eu sous le règne de Hassan II. Mais pas de lavomatic médiatique : “Des affaires de vol et de détournement, en passant par les intrigues des courtisans et courtisanes, jusqu'aux scandales de mœurs réglés en catimini, ce ne sont pas les histoires scabreuses qui manquent. La plus marquante reste, bien évidemment, celle de Hicham Mandari”, se souvient notre source. Mandari, donc, qui, avant de se retrouver mort d'une balle dans la tête en 2004, fut à l'origine de plusieurs vols de documents secrets, de chèques et de bijoux dérobés du coffre-fort personnel de Hassan II, grâce à un réseau de complicités tissé au sein du harem royal. Dans le saint des saints. Signe d'un défaut de fonctionnement évident dans la cuirasse ultime.

Majidi, maître des clés

Mohammed VI aura eu tout le temps de tirer de précieux enseignements des indélicatesses de Mandari, qui ont pollué les derniers souffles du règne de Hassan II. Aussitôt intronisé, le jeune roi décide de remettre les compteurs à zéro en s'entourant d'une nouvelle garde. Au bout d'une brève période de transition, le personnel du Palais subit lentement mais sûrement une purge qui ne dit pas son nom. Les anciens hommes de confiance de Hassan II sont priés de déguerpir les uns après les autres, pour laisser place à de nouvelles têtes. “Hassan II les choisissait selon des critères purement affectifs sans tenir forcément compte de leur compétence, mais parce qu'il appréciait spécialement leur compagnie, comme pour son conseiller Ahmed Reda Guedira ou son chambellan Brahim Frej”, rappelle un ancien ministre. Mohammed VI, lui, va pêcher son secrétaire particulier dans le monde de la finance, en la personne de Mounir Majidi. Un secrétaire particulier du roi ne tape pas à la machine, il gère les palais et la fortune royale. Le monarque, qui préfère faire confiance à un homme rompu aux méthodes de management et de gestion, confie de surcroît le rôle de chambellan à Majidi. Bien avant sa nomination officielle, ce dernier s'emploie d'ailleurs à introduire de nouvelles méthodes pour “gérer” les palais royaux.C'est Majidi qui souffle notamment au roi, au lendemain de son intronisation, l'idée d'un audit généralisé de l'ensemble des palais et résidences royales. “Le premier but de cet audit était d'inventorier l'ensemble des biens présents dans ces palais, mais également de définir leurs vrais besoins et les budgets nécessaires à leur fonctionnement. Mohammed VI voulait optimiser la gestion des ressources de ses palais et, surtout, réduire leurs dépenses qui avaient atteint des dimensions vertigineuses durant le règne de son père et qui continuaient à augmenter même après sa mort”, explique un connaisseur de la cour royale.Composée de jeunes limiers de la comptabilité et du management, issus pour la plupart du holding royal SIGER, l'équipe de Majidi accomplit alors un véritable travail de fourmi. Les livres de comptes des divers palais et résidences royales, éparpillés aux quatre coins du royaume, sont passés au peigne fin. Fruit de plusieurs mois de dur labeur, le rapport d'audit que Majidi soumet au roi met à nu les nombreuses anomalies de gestion héritées de l'ère hassanienne. Commentaire de notre source : “Les malversations et les dysfonctionnements étaient tellement nombreux qu'il aurait fallu renvoyer l'ensemble du personnel des palais royaux, poursuivre en justice une bonne moitié et remplacer tout ce beau monde par de nouvelles recrues” ! Evidemment, il n'en sera rien. Le secrétaire particulier du roi opte plutôt pour la persuasion et l'effet d'annonce. De façon presque simultanée, plusieurs poursuites pour vols et détournements de biens du palais sont enclenchées aux quatre coins du royaume. Pour la première fois dans l'histoire de la monarchie marocaine, des membres du personnel royal sont traduits en justice.

Des scandales à la pelle

L'affaire la plus médiatisée éclate durant l'été 2004 avec, pour héros principal, Mustapha Hilali, le conservateur du palais d'Agadir. Accusé de malversations et de détournements des fonds du palais, ce colonel à la retraite est traduit en justice et condamné à cinq ans de prison. Mais une source proche de sa famille nous a confié que “le colonel Hilali a été relâché en appel pour être poursuivi en état de liberté provisoire, avant que le roi ne lui accorde tout récemment sa grâce”. Une chance que n'aura pas Hassan Zoubaïri, l'un des dix-neuf accusés dans l'affaire de vol et de détournement des stocks du palais royal de Marrakech. Un autre scandale impliquant le “petit personnel”. Appréhendé au début du mois de septembre 2005 avec son frère Mehdi, ce commerçant qui fournissait le palais en denrées alimentaires, décédera sous la torture au commissariat de police de Jamâa El Fna. Le principal accusé, l'officier intendant du palais de Marrakech, écope quant à lui de trois ans de prison. Entre-temps, un autre scandale éclate dans la résidence royale de Dar Essalam à Rabat : la célèbre affaire de “la vaisselle royale” (vol d'ustensiles de prix frappés des armes du défunt roi) qui aboutit à l'arrestation et à la condamnation d'une dizaine de personnes, pour la plupart travaillant dans cette résidence.Durant l'été 2006, la colère royale s'abat, pour des raisons autrement plus graves, sur le directeur de la sécurité des palais, Abdelaziz Izzou. Poursuivi pour ses relations suspectes avec le narcotrafiquant Cherif Bin Louidane, Izzou est actuellement incarcéré à la prison de Oukacha à Casablanca. Ironie du sort, c'est ce même Izzou qui avait dirigé, une année avant sa chute, l'enquête sur les vols dans le palais royal de Marrakech ! “Dès le déclenchement de cette affaire, les instructions étaient claires. L'affaire Izzou devait être liquidée très rapidement pour éviter que le procès ne s'éternise, donnant lieu à des déclarations et à des révélations plus embarrassantes les unes que les autres”, explique une source proche du dossier. Instructions ou pas, l'affaire Izzou semble aujourd'hui bien partie pour durer. Après deux premières audiences où l'ancien directeur de la sécurité des palais fut très bavard, une troisième audience devait avoir lieu le mercredi 30 janvier à la cour d'appel de Casablanca.La tour de visEn parallèle à cette vague de poursuites, Mounir Majidi redéfinit les procédures de gestion des budgets alloués au fonctionnement des palais. Désormais, et contrairement aux procédures souples en vigueur sous Hassan II, les dépenses des palais doivent être avalisées par Rabat. Des dépenses revues à la baisse de surcroît. Au grand dam du personnel des palais, qui regrette le faste d'antan. “La belle époque de Hassan II est révolue. Désormais, dans le palais, il n'y a plus que chalada (salade) et eau plate. C'est la diète forcée pour tous”, confiait à la presse, il y a quelques années, un employé de la maison royale. L'interdiction d'utiliser les cuisines en l'absence de Mohammed VI suscite toujours autant de remous chez les gens du Palais. “Du temps de Hassan II, l'ensemble des palais et résidences devaient êtres apprêtés comme si le monarque allait y débarquer à n'importe quel moment. Des buffets somptueux étaient dressés plusieurs fois par jour, alors qu'on savait que le roi était à l'autre bout du Maroc, voire à l'étranger”, explique un ancien du palais de Tanger. Hassan II retenu ailleurs, les serviteurs appréciaient ce buffet “open”, qu'ils se partageaient à la fin de la journée.Dans la foulée, Mohammed VI décide également que le ravitaillement des palais soit établi selon leurs vrais besoins, sans plus. L'achat et le stockage de denrées alimentaires, mais également l'octroi des bons de carburant, se font désormais en fonction de la fréquentation (par Mohammed VI) des palais et résidences royales. “Les palais et résidences désertés depuis plusieurs années par Mohammed VI, comme celle des Sablons à Salé, ou l'estivage royal de Skhirat, la résidence de la plage de Témara, le palais royal d'Ifrane ou encore la ferme royale de Bouznika, ont vu ainsi leurs dépenses réduites au strict minimum”, nous confie un ancien fonctionnaire du protocole royal. “Du temps de l'ancien chambellan, Brahim Frej, beaucoup parmi le personnel se servaient dans la caisse et les ressources du palais. Du colonel, en passant par le commissaire, jusqu'au simple capitaine, des agents de l'Etat de divers corps et de divers grades s'approvisionnaient en denrées de toutes sortes et en carburant dans les domaines et les résidences royales”, poursuit notre interlocuteur.Mais les changements les plus spectaculaires sont introduits au niveau du protocole royal. En plus de la dissolution des harems de Hassan II, plusieurs corporations de serviteurs du Palais ont été réduites au strict minimum. D'autres ont tout simplement disparu. C'est notamment le cas de Abid El Afia (Esclaves du feu), qui faisaient dans le passé la police parmi les serviteurs du palais. Entamé dès la mort du général Moulay Hafid El Alaoui, à la fin des années 80, ce processus de changement commence timidement avec l'avènement de Abdelhak Lamrini au poste, plutôt symbolique, de directeur du Protocole royal et de la chancellerie. Il s'intensifie sous le règne de Mohammed VI qui, tout en restant attaché au protocole, désire y imposer sa griffe personnelle. “Certaines pratiques rétrogrades, telles que l'enveloppement de la main du roi dans du tissu avant de l'embrasser par un serviteur, ont été bannies. Mohammed VI a aussi mis fin au rituel de la Belgha, selon lequel un serviteur le chausse et le déchausse à son entrée et à sa sortie de la mosquée”.

La tour de vis

est pourtant restée sans incidence sur le budget alloué chaque année par l'Etat au fonctionnement des palais. “En huit années de règne de Mohammed VI, le budget de la monarchie, notamment la rubrique consacrée aux dépenses de la cour royale, n'a connu aucune baisse. Bien au contraire, le crédit alloué à l'achat de matériel et aux dépenses diverses de la cour atteint en 2008 environ 1,5 milliard de dirhams. Soit une augmentation de plus de 25 millions de dirhams par rapport à 2007 et plus de 179 millions par rapport à 2006”, s'étonne un député. Inflation ou pas, le budget est toujours passé comme une lettre à la poste, un état de fait qui (per)dure depuis 1958, date de l'instauration de la première liste civile et du premier budget étatique alloué à la monarchie sous le gouvernement de Abdellah Ibrahim. “C'est Abderrahim Bouabid, alors ministre des Finances, qui a élaboré ce budget suite à l'insistance de Mohammed V. Rares sont les députés qui ont osé le discuter. Pourtant, ce ne sont pas les fortes têtes qui manquaient à l'époque”, se rappelle un ancien compagnon de Bouabid. Assez modeste au début, le budget de la monarchie augmente d'année en année. Avec l'intronisation de Hassan II, il s'emballe même, avant d'atteindre des sommets durant l'état d'exception décrété en 1965. C'est précisément durant cette période que la plupart des palais et résidences existants aujourd'hui sont construits ou restaurés.

À palais, palais et demi

Pour bien saisir l'importance de la “carte” des palais et des budgets qui leurs sont alloués, il est nécessaire de retourner, donc, à l'époque hassanienne. “Hassan II n'a hérité de Mohammed V que de quatre palais véritablement habitables : celui de Casablanca, qui sera agrandi et restauré par la suite, le palais de Rabat, qui sera lui aussi étendu et enrichi de nouvelles ailes, le palais d'Ifrane qui a été légué par les Français puis modernisé et agrandi par les Marocains. Et enfin, l'actuelle résidence royale de Dar Essalam au quartier Souissi, qui s'appelait dans le temps Ksar Essalam”, énumère un historien. à Skhirat, Hassan II se dote d'une résidence aux allures de palais mais qui, officiellement, porte le nom plus discret de Moustaf Malaki (estivage royal). Une vingtaine de kilomètres plus au sud, à Bouznika, il fait construire une autre bâtisse prestigieuse qu'il nomme officiellement Mazraâ Malakia (ferme royale). La première demeure construite pour et par le roi défunt, et portant le titre de palais royal, est érigée sur les hauteurs de Tanger, précisément au Jbel Lkbir (la grande montagne). Suivra le palais d'Agadir, tandis que les palais de Marrakech, Fès, Meknès, Tétouan, Casablanca, Rabat et Ifrane sont relookés par l'architecte français André Paccard. Le gros-œuvre est, quant à lui, confié à un autre proche du Palais, l'entrepreneur Mohamed El Mernissi. Cette frénésie dure jusqu'au milieu des années 90, avec l'inauguration d'un deuxième palais à Agadir et d'un autre à Erfoud, construit sur les ruines d'un ancien hôtel. Ceci sans oublier la flopée de résidences qui essaiment comme des champignons de part et d'autre du Maroc… à l'exception notable des provinces du Sud.Pour gérer cet empire immobilier, Hassan II crée au début des années 80 un nouveau ministère complètement indépendant du gouvernement : le ministère de la Maison Royale, du Protocole et de la Chancellerie, qu'il confie au général Moulay Hafid El Alaoui, proche parmi les proches. C'est un faux ministère et un vrai tour de passe-passe : “En mettant son parc de palais et de résidences sous la houlette de ce ministère, Hassan II se déchargeait judicieusement du fardeau financier lié à leur gestion. Et en vertu d'un étonnant statut hybride, ni public, ni privé, ces palais, dont le fonctionnement était désormais financé par les deniers publics, restaient malgré tout sous la totale emprise royale”, se souvient un ancien ministre. Pour soulager davantage les finances de Hassan II, Moulay Hafid El Alaoui, qui s'avère d'une efficacité redoutable, sort de son chapeau une deuxième astuce : il recrute l'essentiel du personnel des palais en puisant dans les ressources humaines des offices et départements ministériels, ces derniers assumant de facto le paiement des salaires versés aux employés de Sa Majesté. En plus des médecins employés dans les nombreux dispensaires royaux, des cadres financiers issus du ministère des Finances et des techniciens de divers ministères, le Palais “se sert” ainsi dans les effectifs des employés de la promotion nationale. A un niveau supérieur, les conservateurs des palais et les intendants sont eux aussi recrutés le plus souvent parmi les officiers supérieurs de l'armée… qui continue à leur verser leurs soldes. Et pour boucler la boucle, le Palais commence à se ravitailler chez des entreprises appartenant au… roi ! Qu’il paie, on imagine, rubis sur l’ongle. Une nouvelle astuce que l'on doit, cette fois, à Brahim Frej, fidèle chambellan de Hassan II.

Autarcie, quand tu nous tiens

Chargé de fructifier la fortune de son roi, Frej fait donc en sorte qu'une bonne partie du ravitaillement des palais soit assurée par des filiales de Siger (anagramme de Regis, roi en latin), le holding royal qu'il dirigeait. Parmi ces filiales, Primarios fournit l'essentiel de l'immobilier et des objets de décoration présents dans les palais et résidences royales. Cette société fabrique, entre autres, les kitchissimes fauteuils capitonnés et les fameuses tentures dorées du palais qui meublent les photos officielles du Matin du Sahara.Au registre denrées alimentaires, le Palais se ravitaille en produits laitiers, viandes, fruits et légumes auprès des Domaines Agricoles. Anciennement appelée Domaines Royaux, cette société privée est également une filiale de Siger. Elle dispose de plusieurs exploitations dont la plus célèbre, celle de Douiet dans la région de Fès, fournit le fameux Chergui, l'unique marque de produits laitiers qui a droit de cité dans les cuisines royales depuis des décennies. Abritant un pavillon royal (évidemment meublé par Primarios), le domaine de Douiet s'étend sur plusieurs milliers d'hectares et compte en son sein un lac de cent hectares. Autre fournisseur du Palais, le domaine de la résidence du lac à Salé fournit essentiellement des fruits et végétaux.C'est donc ce système dont a hérité, aujourd'hui, Mohammed VI. Un système qu'il a su, avec l'aide notamment de son secrétaire particulier, moderniser, développer, auditer… et fructifier. Mais pas seulement. Un familier de la Cour explique : “Emporté par son élan réformateur, Mohammed VI a songé au début des années 2000 à ouvrir certains de ses palais au public et aux touristes”. Carrément. A Casablanca, on a même évoqué l'inauguration d'un musée au palais des Habous. “Du temps de Mohammed V, les gens pouvaient accéder à certains palais tels que Ksar Essalam à Rabat, au mausolée de Moulay El Hassan dans le palais de Rabat et au palais des Habous à Casablanca. Ces visites ont perduré jusqu'aux premières années du règne de Hassan II, avant d'être brutalement interdites”, poursuit notre source.Après les attentats de mai 2003, Mohammed VI a pourtant fini par abandonner ce projet qui aurait pu permettre aux Marocains de percer, ne serait-ce que partiellement, le secret de la Cour et de ses fastes. Les palais se sont donc refermés comme des huîtres. Durant l'année 2005, plusieurs immeubles privés sont même détruits, notamment à Marrakech et à Agadir, à cause de leur trop grande proximité avec un palais royal. à Rabat, sécurité oblige, le quartier Touarga, qui abrite le palais royal du Méchouar, le palais Riad et le palais Diafa, est désormais fermé aux passants et aux automobilistes. Les palais sont retournés au silence. “Mais il reste les procès publics faits au petit personnel pour permettre à l'opinion publique de suivre, même de loin, le déroulement (d'une partie) de la vie à l'intérieur des palais”, rappelle, un brin ironique, notre interlocuteur. C’est toujours ça de gagné.

Par: Majdoulein El Atouabi
avec Hassan Hamdani .


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Dans son ouvrage de référence, Le protocole et les usages au Maroc, des origines à nos jours publié en 1971, Mohamed El Alami, membre du cabinet de l'ancien Premier ministre Abdellah Ibrahim, énumère une dizaine de corporations de serviteurs et de métiers qui évoluent depuis toujours au sein des palais : la corporation des porteurs des fusils royaux, la corporation des gens de thé, la corporation des gens de lit, la corporation des gens de tapis de prière, la corporation des gens de l'eau, la corporation des bouchers, la corporation des gens de bains, la corporation des gens de l'écurie dirigée par Caïd Er-Rua. En plus des servantes de la cour, dirigées par une “Arifa Dar” (gouvernante). Si la plupart de ces corporations ont disparu avec le temps, certaines ont survécu. C'est notamment le cas des Mchaouriya, agents chargés de communiquer les instructions royales et d'assurer la sécurité du souverain. Reconnaissables grâce à leurs chéchias et leurs caftans ouverts, ce sont eux qui prononcent la fameuse invocation “Allah Ybarek Fi Aamer Sidi”. Accessoirement, ils s'occupent également d'exécuter certains châtiments prononcés par le roi. Mais dans un passé récent, ce rôle était surtout rempli par Abid Al Afia (littéralement “les esclaves du feu”). L'autre survivance du passé est la corporation des Mzarek, Mkhaznia porteurs de lances lors des processions royales. Toujours selon Mohamed El Alami, jusqu'aux dernières années du règne de Hassan II, certains palais du royaume continuaient toujours à abriter parmi leurs murs de vieux eunuques appelés “Al Makhssiyine” en arabe classique et “At-Tauwachya” dans le jargon du Palais.
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Situé à Founty, à proximité de la plage, le palais royal d'Agadir a été l'objet de tous les fantasmes du temps de Hassan II. La demeure, construite sur ordre du roi défunt au début des années 90, a été brutalement (et mystérieusement) délaissée par lui. Les récits les plus fous affirment que Hassan II a déserté les lieux, suite à des phénomènes paranormaux survenus dans le palais. Certains sont allés jusqu'à évoquer “un jenn apparu devant Hassan II pour lui ordonner de vider les lieux”. Un mauvais génie, donc, qui aurait menacé de maudire le roi et sa famille, promettant à Hassan II tous les malheurs du monde en cas de non-obéissance… D'autres rumeurs, toujours dans le style X-files, mais plus en liaison avec l'actualité politique, affirment que le Polisario possédait les plans du palais d'Agadir ! Loin des délires du téléphone arabe, la réalité est évidemment plus prosaïque, très téléfilm marocain sans envergure : “Hassan II était asthmatique. L'humidité était trop élevée dans la zone où a été érigé le palais. Ses médecins lui ont tout simplement conseillé d'éviter l'endroit”, nous explique un ancien responsable de la sécurité royale.

MOULAY HAFID ALAOUI. Le mauvais génie de Hassan II


Purges militaires, séquestration des enfants Oufkir… On lui prête la supervision des dossiers “noirs” du règne hassanien. Portrait d’un personnage cruel, craint… et méconnu.Droit comme un I. L’air sévère. Costume trois pièces ou jellaba officielle. Et tarbouche toujours vissé sur un crâne dégarni façon Kojak, personnage principal de la série culte américaine. Moulay Hafid Alaoui se présentait ainsi dans la plupart des photos officielles ou privées de Hassan II, jamais bien loin de son roi. Et pour cause, ce généralofficiellement en charge du protocole royal durant trois décennies jusqu’à sa mort en 1989 (dix ans, donc, avant la mort de son roi), a été l’homme le plus proche du monarque. Son premier relais et, quelque part, son pendant. “Moulay Hafid était bien plus que le patron du protocole. Il était l’homme à tout faire de Hassan II dans à peu près tous les domaines : vie privée, business, armée, etc.”, confirme ce témoin de l’époque, avant d’ajouter : “Il n’était peut-être pas très connu du public comme un Réda Guédira ou un Driss Basri, mais il était de par sa proximité particulière avec Hassan II l’un des hommes les plus puissants et les plus craints du pays”. L’autre numéro deux du royaume, peut-être, le vrai. Un homme quasi unanimement détesté par les habitués du Palais et autres puissants du royaume. Un homme secret aussi, sur lequel ses proches refusent encore de s’épancher (TelQuel a sollicité sa famille pour les besoins de cette enquête, sans succès). Un homme sur lequel, aujourd’hui encore, quasiment tout reste à dire…

Au nom de la France

Moulay Hafid Alaoui a vu le jour en 1910 (un certain flou a toujours entouré sa date de naissance exacte) à Douirat, une petite localité non loin d’Errachidia. Pas très studieux en classe, ce fils d’un riche propriétaire terrien s’installe au début des années 1930 à Meknès. Là-bas, les portes de la prestigieuse école militaire de Dar Beida, créée en 1918 par Lyautey pour former les officiers marocains de l’armée française, lui sont grandes ouvertes. “Le niveau des candidats n’avait pas d’importance pour intégrer Dar Beida. Le protectorat donnait la priorité aux fils de notables et dignitaires du Makhzen”, explique ce haut gradé à la retraite. A sa sortie de Dar Beida, le lieutenant Alaoui se donne corps et âme pour honorer le drapeau tricolore. Alors que les officiers les plus brillants de sa promotion sont gratifiés d’un complément de formation à Saint Cyr en France ou Tolède en Espagne, lui doit se contenter d’une affectation locale. Sa mission : “calmer” coûte que coûte les ardeurs de la résistance dans son combat pour l’indépendance du Maroc. “Il n’avait aucun scrupule à le faire”, appuie le journaliste et historien Abdellatif Jebrou, avant de poursuivre : “Un jour, à la Résidence, il s’est vanté en public d’avoir liquidé quelques jours plus tôt des résistants dans l’Atlas. Je les ai tués comme des mouches, disait-il”.Au milieu des années 1940, Moulay Hafid est redéployé dans l’administration. Il est nommé khalifa dans la médina de Casablanca où il est officiellement le représentant du sultan. “Il était sur le papier le représentant du sultan mais au final, il n’avait de comptes à rendre qu’au commandement militaire français” précise Jebrou, qui donne une idée sur les rapports qu’entretenait le khalifa Alaoui avec le mouvement nationaliste : “A l’époque, Moulay Hafid rendait entre autres des jugements dans des affaires où des résistants étaient sur le banc des accusés”, raconte-t-il.Le 20 mars 1953, soutenu par la Résidence, le pacha de Marrakech, Thami Glaoui, réunit autour de lui une vingtaine de pachas, caïds et autres notables du pays. Objet de cette rencontre : faire signer à tout ce beau monde une pétition demandant l’abdication et la déposition du sultan Mohammed Ben Youssef. Moulay Hafid Alaoui est parmi les premiers à apposer sa signature au document. En contrepartie, il est promu au grade de caïd à Settat. Et continue de défendre les intérêts de la France avec un certain zèle. “En 1954, il a violemment réprimé les commerçants de Settat, qui ont fermé boutique en signe de protestation contre l’exil du sultan”, raconte Jebrou. En réaction à cet évènement, la résistance le met en tête de liste des personnalités à abattre. Il sortira indemne d’un attentat, mais avec une vilaine blessure à l’épaule “dont il s’est toujours plu à dire que c’était une blessure de guerre”, souligne ce témoin de l’époque.

Adoubé par Mohammed V

Le mouvement national va avoir finalement gain de cause. Le 16 novembre 1955, après un peu plus de deux ans d’exil, d’abord en Corse puis à Madagascar, le sultan Mohammed Ben Youssef, devenu entre-temps Mohammed V, est de retour dans son pays. Contre toute attente, Moulay Hafid Alaoui, parvenu jusqu’au grade de lieutenant-colonel dans l’armée française, prend encore du galon. Il est nommé par le roi au poste de gouverneur de la région de Marrakech. “Il ne faut pas être étonné de ce geste, Moulay Hafid était avant tout un parent de Mohammed V (voir encadré) pour qui la famille était quelque chose de sacré”, explique Midhat René Boureqat, courtisan de l’époque, qui vit aujourd’hui dans la région parisienne.Bien entendu, le lien de parenté entre Mohammed V et Moulay Hafid n’explique pas à lui seul le geste royal. “A l’époque, la monarchie avait peur de l’hégémonie du parti de l’Istiqlal. Elle s’est donc entourée de nombreux marocains ayant collaboré avec la France parce qu’elle était sûre qu’ils lui seraient fidèles. Donnés pour perdus, cette main tendue était la seule chance de survie pour tous ces hommes” analyse avec le recul l’historien Mustapha Bouaziz.Moulay Hafid ne fera pas de vieux os dans son fauteuil de gouverneur. Quelques mois seulement après sa nomination, une délégation de la tribu des Rhamna débarque, remontée, au siège du parti de l’Istiqlal. Les hommes sont venus protester contre le racket imposé par les représentants du roi, dont Moulay Hafid Alaoui, dans la région des Rhamna. C’est Mehdi Ben Barka qui les reçoit au nom de l’Istiqlal, leur promettant d’organiser une rencontre avec Mohammed V. Une fois devant le monarque, la délégation réclame la tête des accusés, présents eux aussi lors de l’audience royale. Moulay Hafid tente de se défendre, accusant l’Istiqlal de vouloir l’évincer par n’importe quel moyen. Ce qui n’était pas complètement dénué de sens. Mehdi Ben Barka l’interrompt et lui lance sur un ton menaçant : “Moulay Hafid, tu devrais apprendre à te taire. L’encre avec laquelle tu as signé la demande d’abdication et de déposition de ton roi n’a pas encore séché”. En sortant de l’audience royale, Moulay Hafid est tout simplement relevé de ses fonctions. Il n’est plus au service de Sa Majesté. Mais pas pour longtemps…

Le “filtre” de son roi

Quelques jours seulement après avoir été remercié par Mohammed V, Moulay Hafid Alaoui retrouve sa place dans le sérail grâce au prince héritier, Moulay Hassan, qui l’invite à rejoindre son cabinet. “Ce n’est pas vraiment étonnant de sa part, réagit Midhat Bourequat. Le prince héritier avait beaucoup de sympathie pour Moulay Hafid qui, du temps du protectorat, l’a souvent accompagné dans des soirées privées, notamment dans certains cercles à Casablanca, à l’époque où il était encore khalifa”.Quelles sont les fonctions précises de la recrue princière ? Réponse de ce courtisan de l’époque : “Moulay Hafid ne faisait pas grand-chose. Il gravitait autour du prince héritier, en attendant son heure”. Qui vient le 26 février 1961, à la mort de Mohammed V, suite à une banale opération chirurgicale. Fraîchement intronisé, le jeune Hassan II (32 ans) compose son équipe dont fait partie Moulay Hafid Alaoui, parachuté à la tête du protocole royal. Un poste stratégique qui lui permet de se rapprocher davantage de Hassan II et de devenir un de ses principaux collaborateurs. “En plus d’être le régisseur des palais et le garant du respect des us et coutumes de la monarchie, Moulay Hafid est très vite devenu l’homme de confiance de Hassan II”, confirme ce courtisan de l’ère hassanienne. C’est simple : Moulay Hafid Alaoui est le “filtre” de Hassan II. Sans son aval, impossible d’arriver jusqu’au souverain. “Quand vous aviez un différend avec lui, vous pouviez toujours courir pour décrocher une audience royale”, ajoute notre source.Moulay Hafid Alaoui est également une des rares personnes à avoir accès à toutes les enceintes des palais, même les plus privées (voir encadré). Il est aussi l’œil du roi dans l’armée. “C’était un peu l’espion de Hassan II chez les militaires. Il rapportait les moindres faits et gestes des hautes gradés à Sa Majesté”, explique cet officier à la retraite. Beaucoup l’ont payé de leur carrière, certains de leur liberté.Surtout, Moulay Hafid Alaoui est l’homme des “missions spéciales” auprès du monarque. C’est lui par exemple qui est désigné pour “faire le ménage” parmi les chorfa que Hassan II trouvait beaucoup trop nombreux à son goût. Ou pour “superviser” la séquestration de la famille Oufkir au lendemain de l’attaque du Boeing royal le 16 août 1972. Quelques années plus tard, Raouf Oufkir dressera ce portrait peu reluisant de Moulay Hafid Alaoui dans Les invités (Ed. Flammarion, 2003) : “Grand prêtre du palais, âme damnée du commandeur des croyants, ce général de pacotille est la créature de son maître. C’est l’homme des affaires réservées, le régisseur des oubliettes royales, le cerbère des jardins secrets du monarque”.

L’âme damnée de Hassan II

De par sa proximité avec le roi et la confiance aveugle dont il jouit auprès de lui, Moulay Hafid Alaoui est tout-puissant. Tout le monde le craint, l’évite. Celui que la reine mère, Lalla Abla, appelle le “mauvais génie” de son fils, se montre cruel, parfois vulgaire, avec ceux qui croisent son chemin. “C’était vraiment dangereux de se frotter à lui. Il pouvait vous rendre la vie très difficile s’il le voulait”, raconte ce haut fonctionnaire à la retraite qui se souvient de “courtisans tombés en disgrâce à cause de lui, de ministres insultés et bousculés en public, de membres du protocole condamnés au cachot pour des raisons totalement futiles, etc.”.Un souvenir raconté par ce témoin de l’époque en dit long sur la personnalité atypique de l’homme de confiance du roi. A la fin des années 1960, Moulay Hafid Alaoui fait appel à un paysagiste du ministère de l’Habitat pour quelques travaux dans sa villa à Rabat. Le fonctionnaire passe trois jours à prendre soin du jardin de celui qui vient d’être promu général, puis rentre chez lui. Quarante-huit heures plus tard, son ministre de tutelle débarque chez lui en catastrophe lui annonçant que “l’maâlem” (le maître) l’a convoqué. Connaissant la réputation de Moulay Hafid, le paysagiste fait le déplacement, la peur au ventre, pensant que son hôte n’est pas satisfait de son travail et qu’il va le lui faire payer cher. Une fois arrivé, le paysagiste est surpris de recevoir les félicitations du “maâlem”, qui va jusqu’à lui demander : “As-tu un besoin quelconque, un service à me demander??”. Prenant son courage à deux mains, l’invité expose son problème : “Ma femme, qui est médecin, a été mutée à Tétouan alors que je travaille à Rabat. Cette situation est invivable, mon général”. Le paysagiste n’a pas encore fini de parler que Moulay Hafid Alaoui décroche son téléphone pour appeler directement le ministre de la Santé : “Dis-moi, toi, c’est quoi cette manière de traiter les gens ? L’homme travaille à Rabat et tu envoies sa femme à Tétouan. Quand il va se coucher, tu vas lui envoyer ta mère ou quoi ?”.

Monsieur peaux de bananes

Autre anecdote parlante : un jour, Hassan II demande à Driss Basri, tout nouveau ministre de l’Intérieur et étoile montante du Makhzen (nous sommes à la fin des années 1970), de sélectionner les plus brillants éléments de son département pour les mettre au service du Palais. Mais le monarque oublie d’en faire part à son fidèle Moulay Hafid. Le lendemain, les “sélectionnés” débarquent en tenue officielle (jellaba blanche et tarbouche rouge) dans le bureau du général qui les reçoit à sa manière : “Sortez, déguerpissez, hors de ma vue, bande de… ! Ce gamin de Driss (Basri) vous envoie ici pour m’enquiquiner, il ne manquait plus ça”. Et pour punir un des visiteurs qui traîne les pieds en partant, le maître des lieux lui lance sa babouche en plein visage. Du pur Moulay Hafid Alaoui…Malgré ses outrances, le général est plutôt un fin calculateur. Il ne s’attaque pas aux puissants. Du moins pas frontalement. “Pour ceux qu’il ne pouvait pas atteindre, il concoctait des pièges machiavéliques qui devaient au final entraîner leur chute”, explique ce haut gradé à la retraite. Notre source nous révèle une des tentatives de Moulay Hafid Alaoui de mettre dans l’embarras la gendarmerie et son jeune commandant, Housni Benslimane, qui commençait alors à lui faire de l’ombre. L’anecdote, donc : à la fin des années 1970, l’orchestre de la gendarmerie se prépare depuis deux semaines pour jouer les hymnes nationaux à l’arrivée d’un chef d’Etat africain à l’aéroport Mohammed V à Casablanca, en présence de Hassan II. A J-1, le protocole royal informe les musiciens que l’hymne du chef d’Etat en question a été changé. “En fait, cet hymne avait été changé deux semaines avant, mais on ne l’a su qu’à la dernière minute. Moulay Hafid Alaoui était au courant du changement, mais il l’a gardé pour lui. Il voulait que Housni Benslimane se trompe le jour J. Heureusement, au sein de l’orchestre, il y avait un officier français qui a eu vent de la modification et qui a pu se débrouiller à temps le nouvel hymne, via ses contacts dans l’Hexagone”.

La méthode Moulay Hafid“

A la mort de Moulay Hafid Alaoui, il aurait fallu tout un camion pour emmener de son bureau les titres fonciers qu’il avait accumulés durant sa vie”, répètent avec exagération toutes les personnes contactées pour évoquer le souvenir et la personnalité de l’homme de confiance de Hassan II. Qu’en est-il exactement ? “C’est un secret de polichinelle, Moulay Hafid Alaoui a accumulé une fortune considérable”, répond cette source bien informée, expliquant comment le patron du protocole royal s’est accaparé de nombreux terrains publics. Même son de cloche du côté de Raouf Oufkir, qui accuse dans Les Invités le général d’avoir fait main basse sur les biens de sa famille au lendemain du décès de son père, le général Mohamed Oufkir : “Notre maison sera d’abord ouverte au pillage, puis rasée au bulldozer quelques années plus tard. Le général Moulay Hafid, grand ordonnateur des palais royaux, officiera à la rapine en s’octroyant, ainsi que quelques personnalités, la part du lion”.Racket, abus de pouvoir, etc. Les témoignages accablants abondent. Comme cet entrepreneur, mandaté dans les années 1980 par le Palais pour mener un chantier dans un pays africain. “Une fois le travail fini, j’ai demandé à être payé auprès du client, lequel m’a répondu, à ma grand surprise, que le règlement s’est fait auprès du général Moulay Hafid. Pour récupérer mon argent, j’ai dû laisser une grosse commission derrière moi”, nous explique-t-il.Toujours est-il qu’à la mort de Moulay Hafid Alaoui, une bonne partie de sa fortune aurait été récupérée par le Palais. A l’instar de ce qui a pu se passer avec d’autres anciens collaborateurs de Hassan II. “Il y a une règle propre au Makhzen, qui dit que l’argent qui se fait sur le dos de la monarchie doit revenir à la monarchie”, explique notre source.

Le souffre-douleur de Sa Majesté

Moulay Hafid Alaoui se permettait tout, ou presque. En tout cas beaucoup plus que les simples sujets de Sa Majesté. Un exemple, encore un, nous est fourni par cette surprenante anecdote, telle qu’elle a été rapportée par le commandant Mahmoud Tobji (Les officiers de Sa Majesté, Ed. Fayard, 2006) : “En 1976, Hassan II avait invité à Ifrane un chef d’Etat africain. Ce dernier était en retard. Agacé, le roi faisait les cent pas quand, tout à coup, sentant une odeur de haschisch, il cria : Mais qui se permet donc de fumer dans ma maison?? De peur d’être sévèrement sanctionné par Moulay Hafid, un serviteur répondit : C’est Saïd, votre cuisinier, Majesté ! Hassan II n’était pas dupe, il savait que le coupable s’appelait Moulay Hafid, mais il a simplement dit, en parlant du cuisinier : Qu’il aille fumer dans la forêt !”.Dur, sévère, imprévisible, grossier… “Il répercutait sur les autres les humiliations que lui faisait endurer au quotidien son roi, qui le traitait malgré toute sa fidélité et sa totale soumission comme un moins que rien”, croit savoir cette source bien informée, dont la théorie repose sur un souvenir personnel. Au milieu des années 1980, Moulay Hafid Alaoui est dans son bureau en compagnie d’un proche parent lorsqu’il sermonne sévèrement et gratuitement son adjoint de l’époque, un certain Abdelhak Mrini (actuel directeur du protocole royal) avant de lui ordonner de quitter les lieux. Mal à l’aise, l’invité, qui est un ami de Mrini, demande avec beaucoup de tact à Moulay Hafid Alaoui d’éviter de s’adresser à son second sur ce ton devant lui. Le général surprend son interlocuteur en répliquant : “Ah, si tu voyais comment l’autre m’a parlé ce matin, et comment il me traite tous les jours, tu comprendrais que j’aie besoin de me défouler sur les autres”.On l’aura compris, “l’autre”, c’est Hassan II. Un Hassan II qui a toujours, tout de même, défendu son protégé, qu’il appelait “le chauve”. “A maintes reprises, des proches du roi, dont des membres de sa propre famille, sont venus lui demander de relever Moulay Hafid de ses fonctions, arguant que plus personne ne pouvait le supporter. Le roi leur répondait à chaque fois… que c’est bien parce que les gens n’aimaient pas Moulay Hafid Alaoui qu’il avait décidé de le garder auprès de lui”, explique Abdellatif Jebrou avant de conclure : “Ces gens-là ont oublié que Hassan II n’aimait pas qu’on lui impose des choses”.Le roi a donc “gardé” son fidèle compagnon jusqu’à son décès, le 14 octobre 1989. “Mais depuis le début des années 1980, déjà, il avait considérablement réduit ses apparitions publiques à cause de la maladie”, explique cette source qui se souvient de l’une des dernières apparitions publiques du général préféré de Hassan II. C’était dans un palace casablancais, lors d’une manifestation culturelle. Ce jour-là, Moulay Hafid lance au ministre de la Pêche un : “Moul houte (poissonnier), viens ici !”. Pas étonnant que, vingt ans après sa mort, on ne trouve quasiment personne pour dire du bien du “mauvais génie” du roi.

Sérail. Un homme parmi les femmes

Hassan II avait une confiance aveugle en Moulay Hafid Alaoui. La preuve : le général était sans doute le seul collaborateur du monarque à avoir accès à toutes les enceintes des palais, dont les harems. “Moulay Hafid Alaoui pouvait non seulement y pénétrer mais il pouvait également adresser la parole aux femmes du palais, ce que presque personne n’avait le droit de faire”, nous confie cet habitué des palais du temps de Hassan II. Pourquoi un tel privilège ? “Parce que Moulay Hafid avait également pour mission de surveiller les femmes. D’ailleurs, les rares fois où elles partaient en voyage à l’étranger, notamment à la Mecque, il les accompagnait”, explique l’ancien courtisan Midhat Boureqat. Et gare à celles qui osaient dire du mal de Sidna ! “Moulay Hafid rapportait tout au roi”, confie notre source avant de conclure : “C’est pour cette raison que les femmes du palais le craignaient et haïssaient tant”.BIO EXPRESS1910 (date controversée). Voit le jour à Douirat, près d’Errachidia1940. Devient khalifa à Casablanca 1953. Signe une pétition pour l’abdication du sultan Mohammed Ben Youssef, avant d’être nommé caïd à Settat1954. Réprime dans le sang une manifestation de commerçants de Settat, qui demandent le retour du sultan1956. Désigné gouverneur de la région de Marrakech avant d’être relevé de ses fonctions quelques mois plus tard.1960. Placé à la tête du protocole royal1972. Le général Oufkir s’est “suicidé de cinq balles dans le dos”. Moulay Hafid est présent aux côtés de Hassan II et du général Dlimi au moment des faits.1989. Décède après une longue vie au service du Palais
Tel QuelJuin 2009

Les étudiants du MCA d'Agadir :quelle place à tamazight sous les transformations politiques au Maroc







Le destin de Neda, «martyre» en Iran








Enterrée dimanche dans le cimetière Behecht-é Zahra de Téhéran, Neda Agha-Soltan, 26 ans (photographiée en mai dernier par son fiancé), est devenue le symbole d'une jeunesse iranienne en quête de changement.
Tuée par balle lors des manifestations de samedi, Neda Agha-Soltan a donné un visage aux victimes de la répression contre les opposants à la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. La vidéo de sa mort a fait le tour de la planète. Voici son histoire.





Il y a d'abord eu ces appels restés sans réponse. Puis ce coup de fil d'Amérique, venant d'une tante éloignée. «Sois prudente ! Ils massacrent les manifestants !», implore-t-elle, en mentionnant, au détour d'une phrase, la vidéo d'une fameuse «Neda», tuée en pleine manifestation, et diffusée sur les chaînes télévisées de la diaspora en exil. Golshad retient ses larmes. Elle refuse d'y croire. Malgré ses mises en garde, elle sait bien que sa meilleure amie, Neda, a bravé l'interdit pour aller manifester dans les rues de Téhéran. Mais en Iran, c'est un prénom courant. Et sa copine lui a promis d'être prudente, avec cet humour noir qui lui colle à la peau : «T'inquiète, en un tir, c'est fini !»
Samedi 20 juin, vers 18 h 30, le coup aura été fatal. «Neda venait juste de sortir de la voiture. Je l'ai vue s'effondrer sous mes yeux, après avoir été frappée en pleine poitrine», sanglote Hamid Panahi, son professeur de musique, fidèle compagnon de ses virées contre l'injustice. C'est lui - et non son père - qu'on voit sur le film amateur de 40 secondes, pris à partir d'un portable, et qui a aussitôt fait le tour de la planète. Accroupi à ses côtés, il répète, en farsi : «N'aie pas peur, Neda, ma chérie, n'aie pas peur…».
(La vidéo est disponible en suivant ce lien . Attention, ces images sont choquantes et ne doivent pas être visionnées par un public sensible. )
Anonyme dans la foule des mécontents, Neda Agha-Soltan, 26 ans, est devenue, à la vitesse éclair de l'Internet, une icône de la contestation contre le régime iranien. Les images de sa troublante agonie, puis de sa mort, filmée par un manifestant, ont été visionnées par des dizaines de milliers de personnes. Des poèmes en son honneur inondent la blogosphère. Des cérémonies à sa mémoire s'organisent à travers le monde. Mais pour ses proches, elle reste, avant tout, le symbole d'une jeunesse iranienne en quête de changement, dans un pays qui tangue entre tradition et modernité. «La politique, ce n'était pas son truc», se rappelle Golshad, effondrée, dans le hall de l'immeuble menant à l'appartement modeste des parents de Neda, dans la banlieue est de Tehran Pars. Derrière la porte, où les intimes défilent pour présenter leurs condoléances, les pleurs bourdonnent.
«Elle débordait d'énergie»
C'est ici même qu'elle comprit, peu avant minuit, qu'elle ne reverrait plus jamais son amie. «Sans nouvelles, je me suis empressée de venir voir sa famille. J'ai été accueillie par des cris de lamentations… C'était bien “ma” Neda qui était morte…», dit-elle. Accroché à la grille d'entrée, un drapeau noir flotte au vent. La cérémonie privée, dimanche, a été organisée à la va-vite. Sous le choc de la nouvelle, des amies voilées de noir titubent jusqu'à l'entrée. Leurs joues sont tachetées de Rimmel, à force d'avoir trop pleuré. Sur le trottoir, un minibus attend les proches pour les emmener au cimetière Behecht-é Zahra, où doit reposer Neda. Avant de partir, les jus de fruit circulent de main et main. Mais l'émotion l'emporte sur la soif. «Elle débordait d'énergie. Elle croquait la vie à pleines dents», raconte Golshad - un nom d'emprunt, par crainte d'être embêtée. Les deux copines se connaissaient depuis l'école primaire.
Cadette d'une famille de trois enfants, Neda grandit à Téhéran. Son père est fonctionnaire. Sa mère, femme au foyer. Bonne élève, elle s'inscrit à l'université libre, où elle suit des cours de philosophie islamique. Puis, curieuse de découvrir le monde, elle s'oriente vers une carrière dans le tourisme. Avec ses économies, fruits d'un mi-temps dans une agence de voyages, elle visite Dubaï, la Thaïlande et la Turquie. «Il y a deux mois, nous sommes parties en vacances à Antalia. Qu'est-ce qu'on s'est amusées !», soupire Golshad, en sortant une photo souvenir de son sac à main. Les cheveux dans le vent, des lunettes de soleil sur le nez, Neda semble heureuse. Libre comme l'air. «Elle adorait chanter», poursuit Golshad. La musique : sa vraie passion, qu'elle partage avec son professeur de piano, Hamid Panahi. «Elle avait un talent inné. Elle aurait pu aller très loin», dit-il, en grillant nerveusement une cigarette.
Tuée d'une seule balle
Ni rebelle ni tête brûlée, Neda voit sa vie basculer le 12 juin, jour du scrutin présidentiel. Comme de nombreux autres Iraniens, elle place tous ses espoirs en Moussavi, le candidat de l'ouverture. Quand elle se réveille, le lendemain, c'est la douche froide : Ahmadinejad, son rival ultraconservateur, vient de l'emporter haut la main. Les rumeurs de fraudes se mettent à circuler. «Elle ne supportait pas l'injustice. Tout ce qu'elle souhaitait, c'est que le vrai vote du peuple soit pris en compte», dit Panahi. Convaincue de pouvoir résister de manière pacifique, elle rejoint la foule des manifestants, qui déferle, une semaine durant, dans la capitale iranienne. Mais ce samedi 20 juin, la tension est à son maximum. La veille, l'ayatollah Khamenei a prévenu qu'il ne tolérerait plus aucun rassemblement. Vers 15 h 30, Golshad appelle Neda. «Cette fois-ci, n'y va pas, c'est trop dangereux !» En vain. Ce sera leur dernière conversation. Trois heures plus tard, Neda, Panahi et deux autres amis se retrouvent dans les bouchons de l'avenue Amir-Abbad, où la manifestation de la place Azadi, plus au sud, est en train de déborder. Ils sortent de la voiture pour prendre le pouls de la situation. Un étrange «clic» perce l'air. En un clin d'œil, Neda tombe à terre. «Ils l'ont tuée avec une seule balle, sans raison», gémit Panahi. Un médecin offre son secours et tente de la ranimer. Mais le sang coule de son nez et de sa bouche. «Je brûle, je brûle…», dit-elle à Panahi. Elle meurt dans ses bras, avant d'arriver aux urgences de l'hôpital Shariati.
Qui a tiré ? La confusion règne. Les proches de la victime accusent les bassidjis, les miliciens pro-Ahmadinejad. Mais les autorités iraniennes nient l'utilisation, par leurs forces, d'armes à feu lors des manifestations. Reste que l'ultramédiatisation de la mort de Neda dérange le système. Lundi, une cérémonie en son souvenir dans une mosquée de Téhéran a été interdite. Sous la pression des agents de la sécurité, les parents de Neda ont dû retirer le drapeau noir de leur porte, et n'osent pas parler aux journalistes. Hamid Panahi, lui, refuse de se résigner à la censure. «Je n'ai rien à craindre, mon heure est passée, je suis un homme âgé, dit-il. Le seul crime de Neda, c'est d'avoir voulu faire entendre sa voix. Tuer une jeune femme innocente, c'est contre la religion !»

«Mohammed VI, rassurant mais mal connu»

Jordan's Prince Talal (L) and his wife Gheida (R) pose with Morocco's King Mohammed VI (3rd R) and his wife Lalla Salma (2nd R) and Jordan's King Abdullah (3rd L) and his wife Queen Rania (2nd L) at the Royal Palace in Fez March 15, 2009. King Abdullah is on a state visit to Morocco. REUTERS/Yousef Allan (MOROCCO ROYALS POLITICS)



Pierre Vermeren enseigne à l'université Paris-I. Il a publié Idées reçues sur le Maroc (le Cavalier bleu, 2007), l'Histoire du Maroc depuis l'indépendance (la Découverte, 2006), et Maghreb, la démocratie impos­sible ? (Fayard, 2004).

Qu'est-ce qui a changé de Hassan II à Mohammed VI ?

Le principal changement, c'est que les gens ont cessé de vivre dans la peur, comme c'était le cas sous Hassan II et son ministre de l'Intérieur, Basri, qui vient de mourir. Hassan II était un roi très ­distant et redouté. Les Marocains le savaient très intelligent, mais aussi cruel. Mohammed VI, lui, est plus rassurant. Dès le début de son règne, il a bousculé le système policier qui régentait le pays en renvoyant Basri. Il a aussi affiché une volonté de transparence tout à fait nouvelle en reconnaissant que le régime avait échoué en matière de lutte contre la pauvreté. A la limite, au début de son règne, les Marocains ont eu plus peur pour le roi que peur de lui. Avec le temps, ces évolutions ont vu leurs limites : la nature du pouvoir fait que l'arbitraire persiste, que la corruption reste importante. Et puis il y a eu les attentats du 16 mai 2003, qui ont été suivis de grandes rafles policières, à l'ancienne. Enfin, on a tendance à oublier que la li­béralisation du régime avait commencé avant l'arrivée de Mohammed VI, en 1999. Hassan II avait donné le coup d'envoi de l'ouverture dans le domaine des médias et de la vie politique dès le milieu des années 90, notamment pour préparer la succession. Et, dans ce sens, il a parfaitement réussi.

Quel est le style de gouvernement de Mohammed VI ?

Il est moins autoritaire et moins directement impliqué que son père. Même s'il parle souvent de transparence et a fait de son épouse un personnage public, Mohammed VI est mal connu. Il délègue beaucoup aux technocrates et aux ingénieurs dont il s'entoure. Il procède en permanence à des nominations, ce qui ­donne lieu à un jeu complexe de chaises musicales. Le roi, pour sa part, a pris des engagements forts, parfois mis à mal : pas de journalistes en prison, l'installation de la démocratie, une meilleure éthique des forces de l'ordre, une justice moins corrompue. Il s'est aussi montré sensible à la détresse causée par l'extrême pauvreté, là où son père semblait insensible. Au point qu'on l'a surnommé au début «le roi des pauvres». Ce n'est plus le cas, mais la ­tâche est titanesque et les moyens manquent. Je ne pense pas que ces proclamations soient purement démagogiques. Seulement il y a, autour du roi, bien des gens qui redoutent la démocratisation. Les élites marocaines sont souvent très conservatrices, par peur de l'inconnu.

Depuis 1999, comment a évolué le palais royal, le Makhzen ?

A part quelques conseillers de Hassan II comme André Azoulay et des généraux, il y a eu un net renouvellement. Mohammed VI est entouré par ses anciens camarades de classe du Collège royal, de jeunes élèves brillants issus de milieux mo­destes, qui avaient été sélectionnés et amenés au palais royal pour faire leur scolarité avec le prince. Le plus emblématique d'entre eux est Fouad Ali al-Himma (lire ci-dessous). On trouve aussi des technocrates, comme le ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa. Ajoutez à cela quelques hommes politiques et les héritiers des grandes familles, qui forment le vivier de la monarchie depuis des ­siècles. Ce qui a changé, c'est que le critère de compétence est plus important. On ne peut plus détourner l'argent public ouvertement, comme par le passé. En matière de corruption, certains abus sont sanctionnés. Le problème, c'est que le système repose sur la vertu, car la justice ne constitue pas un garde-fou.

Quelles sont les lignes rouges du régime ?

Fondamentalement, elles sont restées les mêmes : le caractère sacré de la personne du roi, la religion et le Sahara. Ce qui a changé, c'est la marge de manoeuvre. Dans les années 80 et 90, on ne pouvait ainsi pas parler du Front Polisario [qui réclame l'indépendance du Sahara occidental, ndlr], il n'existait pas. Aujourd'hui, il arrive que ses leaders soient interviewés dans la presse marocaine. Mais la «marocanité» du Sahara reste intouchable. Il y a peu de chance que l'on évolue vers une monarchie parlementaire. Aucune réforme de la Constitution n'est en vue depuis 1976, or l'article 19 stipule que le roi est au-dessus de tous les pouvoirs. Le roi semble préférer la création d'autorités indépendantes, mais ces instances sont nommées, pas élues. Tant que le problème du Sahara reste en suspend et qu'il y a un risque de déstabilisation islamiste, les choses ne bougeront pas. Au contraire, les attentats kamikazes de 2003 et 2007 ont convaincu nombre de Marocains qu'il faut une monarchie forte pour chasser le spectre d'une guerre civile à l'algérienne.

AYAD Christophe